Francis Richard : MDP in blue

la-ville-etait-bleue.jpgMichel de Poncins, MDP, innove. Les internautes d’ici ou d’ailleurs le connaissent surtout comme défenseur des libertés économiques et pourfendeur de tous ceux qui, hommes politiques ou hifis détournent à leur profit les richesses créées par d’autres. Dans un livre dont le titre est déjà tout un programme – La luxure régnait sur la ville et la ville était bleue – il raconte « une étrange histoire d’amour sur fond de politique et d’anticipation historique ».

Ce n’est pas la première fois que MDP se sert de la fiction pour nous faire entrevoir ce que pourrait être l’avenir. Dans « Thatcher à l’Elysée » il avait, il y a cinq ans déjà eu l’idée de propulser Madame Thatcher à la tête de la France, au terme d’une élection présidentielle on ne peut plus régulière, sinon improbable. Il avait alors décrit par le menu les conséquences bénéfiques pour le pays qui en résulteraient. Mais c’était un rêve, au lieu duquel la France allait s’endormir sous la férule d’un Jacques Chirac gagné par une totale et quinquennale inertie.

Cette fois MDP nous projette quelques décennies plus tard, en 2052 précisément. L’univers qu’il nous décrit est rien moins que rassurant. Pourtant ne devrait-il pas trouver grâce aux yeux de MDP ? Car la liberté en matière d’économie y a trouvé plein droit de cité. La Terre, immense Ville bleue, est devenue riche. Le monde entier, peuplé de milliards d’hommes, peut se nourrir, se vêtir et se distraire. La matérielle et le nécessaire, voire le superflu, sont assurés. Mais est-ce suffisant ? Est-ce seulement le capitalisme véritable que MDP appelle de ses vœux ?

Pour que le tableau dressé par MDP soit reproduit complètement il faut ajouter qu’il est un domaine toutefois qui échappe au marché, c’est celui des normes. Les maîtres du monde, autrement dit les Saigneurs, ont repris aux eurocrates de notre temps présent cette source inépuisable de pouvoir et de profit. Aussi exercent-ils, en grande partie grâce à elles, une véritable dictature sur les zenbas.

Les zenbas ? L’étymologie de ce terme est on ne peut plus simple. Il s’agit de tous ceux qui, à l’instar de ceux de la France d’en bas et d’aujourd’hui, sont méprisés par les politichiens, alors même, et peut-être parce, qu’ils sont leur gagne-pain.

Vieux rêve devenu réalité, cette dictature mystérieuse – qui connaît les Saigneurs ? – est mondiale. Elle se manifeste notamment sous les apparences de la PUT. N’allez pas vous fourvoyer : il s’agit de la Pensée Unique Totalitaire, laquelle se caractérise en 2052, comme de nos jours, « par la gestion adroite de la compassion », par la prolifération non exhaustive des droits de l’homme – pas moins de « 145 droits positifs » qui n’avantagent que celui qui tire le premier – par le féminisme exacerbé, par la discrimination positive etc. j’en passe et des plus éculées dont la moindre n’est pas l’absence obligatoire de Dieu.

MDP a des mots durs contre ce totalitarisme mou qui avance ainsi sous le masque amène de la démocratie et qui empêche surtout toute velléité de retours en arrière que seraient l’amour, la bonté ou la charité, autant de superstitions qui viendraient contrarier le règne de la luxure et des Saigneurs.

Dans la langue anglaise la couleur bleue est celle de la pornographie. Dans la langue française il existe une fleur tout aussi bleue qui a contrario symbolise l’échange gratuit, pétri de bons, de beaux et de vrais sentiments. « L’étrange histoire d’amour » que nous conte MDP pourrait bien s’épanouir sous ses pétales. Sera-ce vraiment le cas ? Vous le saurez en vous laissant emporter par ce livre à l’écriture élégante, à l’humour décapant et …à la couverture bleue.

Francis Richard

Mise à jour du 18.09.07 : Ce livre est publié aux Editions François-Xavier de Guibert au prix de 18 € en France.  

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