Francis Richard : Jacques Poget, ou la sous-culture d’un « homo correctus »

arctique.jpg Jacques Poget est éditorialiste à « 24 Heures ». Dans le même numéro, celui de samedi-dimanche 18-19 août il a commis deux articles. Un, en page 16, qui  est présenté comme une réflexion autour de la fonte des glaces. Un autre, en page 19, qui se veut un commentaire sur la chanson d’Oskar Freysinger intitulée Antirap, et que nos visiteurs du BAF ont pu écouter le 15 août dernier.

Oskar Freysinger aurait dit que les gens comme Stress « détruisent le cerveau de nos jeunes avec leur sous-culture ». S’il l’a dit, il a eu raison. Ce n’est après tout qu’une évidence. En tout cas Jacques Poget reprend la formule et conclut son second article en écrivant : « Plus que Stress, c’est Freysinger qui, avec sa sous-culture, détruit le cerveau des jeunes » ! ». Le malheur pour Jacques Poget est qu’il fait montre, à propos des deux sujets abordés, d’une culture bon marché, qu’il étale d’autant plus qu’il en a peu. Je suis donc inquiet pour le cerveau des jeunes qui le lisent… 

Pour une fois commençons par la fin. Jacques Poget s’en prend donc à Oskar Freysinger. Il semble débuter son article par un auto-goal :

« Le moustique se nomme médias ». Il en est pourtant. Mais il joue les modestes : les médias ne seraient qu’un moustique, un insecte. « 24 Heures » ne serait donc qu’un sous-moustique du moustique qui se nomme médias.

« Sa piqûre induit une fièvre mauvaise, qui affaiblit le jugement, biaise l’échelle des valeurs, annihile le sens du ridicule ». Je ne peux que souscrire à ce tableau, dont « 24 Heures », parmi d’autres médias, est l’illustration quotidienne.

En fait le début de l’article est trompeur, comme son auteur. Dans l’esprit de Jacques Poget, qu’il a oublié de transmettre à sa plume, médias au pluriel ne se rapporte qu’à un média, en l’occurrence la Radio Suisse Romande, et en particulier à l’émission Forums, qui a le grand tort d’inviter « sans relâche » Oskar Freysinger. Pourquoi le grand tort ? Parce qu’Oskar Freysinger est « un cas éminent de cette pathologie (celle qu’il a décrite d’entrée), particulièrement pernicieuse dans un petit pays confiné » et parce que les autres médias – il n’exclut pas « 24 Heures » – relayent « complaisamment ses coups de gueule les plus épicés ».

C’est, me semble-t-il, une simple once de liberté qu’Oskar Freysinger soit invité par la RSR, l’UDC étant autrement la cible favorite et répétée des médias romands, dont « 24 Heures ».

Officiellement, ce qui chagrine le plus l’éditorialiste de « 24 Heures » ce n’est pas tant le franc-parler d’Oskar Freysinger, qui ne serait toutefois qu’« expressions ordurières » (les internautes du BAF apprécieront), que le fait que ce soit un conseiller national, doublé d’un enseignant, qui ose chanter tout haut , avec brio, ce que beaucoup pensent tout bas, alors que Stress n’est qu’un saltimbanque à qui tout serait permis. En réalité Jacques Poget ne supporte pas qu’un UDC ose faire preuve d’une verve toute rabelaisienne, à la manière de Brassens, et renvoie la monnaie de sa pièce à un minable adulé par moult jeunes.

Que voulez-vous, Jacques Poget est politiquement correct.

Autour de la fonte des glaces, la piqûre de Jacques Poget, dans le premier article, « induit une fièvre mauvaise » : la peur. Examinons comment.

Quel est le constat de Jacques Poget ? Le voici : « Admirable progrès de l’humanité. La glace arctique fond, le sous-sol polaire sera bientôt accessible, que font les puissances ? (sic : la ponctuation est d’origine) Sans perdre de temps en action en faveur de l’environnement, elles revendiquent la souveraineté sur le pôle Nord. Histoire de ne pas rater les gisements qui dorment, si longtemps « inutiles », dans son sous-sol. » 

Suit le couplet habituel, d’origine indéniablement marxiste, sur le pillage des ressources qu’auraient opéré les empires coloniaux français, espagnol, portugais, anglais et hollandais, et que seraient en train de vouloir perpétuer les puissances américaine, russe et canadienne.

Jacques Poget évoque pêle-mêle Jules Verne, Hernan Cortes, la Compagnie des Indes, Cavelier de La Salle, le « légalisme positiviste délicieusement XIXe ». Quelle sous-culture !

Comme Jacques Poget n’est que sous-cultivé, il omet de dire, par ignorance ou volontairement, que les empires coloniaux, ne se sont pas constitués uniquement pour des raisons économiques ; que la soif de connaissances, d’aventure, de même que la volonté d’évangélisation, d’éduquer, y ont eu leur part, non négligeable. Il omet de dire que les colonies ont coûté beaucoup plus qu’elles n’ont rapporté aux empires coloniaux contrairement à une légende tenace ; et que les ressources demeurent, et d’importance, si elles ne sont pas toujours bien exploitées. Les récents travaux des historiens, débarrassés de la gangue idéologique marxiste, commencent à faire maintenant justice de cette propagande.

Ces omissions de Jacques Poget « affaiblissent le jugement ». Que voulez-vous, Jacques Poget est historiquement correct.

Jacques Poget veut nous faire peur : « Avec le plus grand sérieux, les Etats se lancent donc dans des gesticulations pathétiquement inadéquates, comme si la fonte de la calotte polaire était une véritable aubaine et non une catastrophe écologique ».

Ce n’est pas travestir la pensée de Jacques Poget que de dire qu’il est convaincu que la fonte des glaces en Arctique est due au réchauffement global climatique dont les émissions de gaz à effet de serre produites par l’homme seraient responsables. Sinon pourquoi parlerait-il de « catastrophe écologique » ? Sinon pourquoi laisserait-il entendre plus loin que la zone arctique est « en grand danger » ? Sinon pourquoi dirait-il plus loin que les « dégâts » y sont déjà « irréversibles » ?

Jacques Poget omet de dire, par ignorance ou volontairement, qu’il n’y a pas de consensus scientifique sur la portée du réchauffement climatique récent et sur la fonte récente des glaces en Arctique. Il n’existe que le consensus autoproclamé par le GIEC qui est une émanation des gouvernements, et qui doit justifier son existence et sa subsistance en ne parlant que de ce qui peut les alarmer. Ainsi est-il passé sous silence les études qui montrent que le réchauffement de l’Arctique est moindre que le réchauffement global et qu’il y a des zones de l’Arctique où les glaces progressent et d’autres où elles sont stables. En conséquence il est hasardeux de parler comme il le fait de catastrophe écologique.

Ces omissions de Jacques Poget « biaisent l’échelle des valeurs ». Que voulez-vous, Jacques Poget est climatiquement correct.

En jouant au moraliste de café du commerce, Jacques Poget « annihile le sens de son propre ridicule ».

En définitive, je me demande si ce donneur de leçons n’est pas trop correct pour être honnête.

Francis Richard

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