Oskar Freysinger: HEIDI II le retour

Hier soir, j’ai été pris par une terrible pulsion.

Tout seul, devant mon ordinateur, j’ai tenté d’être politiquement correct.

Pour ce faire, j’ai tenté de moderniser l’histoire de Heidi, sœur de Guillaume Tell, grand-mère du général Guisan et une lointaine ancêtre de Christophe Blocher, comme tout le monde sait, pour en faire une héroïne digne de notre époque.

D’abord, je me suis penché sur son nom.

« Heidi », ça fait ringard, me suis-je dit, et ça fait nazi en plus, puisque ça devient facilement Heidi Heidi Heida.

Je donc décidé de la baptiser autrement.

Britney ! Voilà le nom que je lui ai donné.

Britney !

Et pour qu’elle fasse moins l’icône, je lui ai mis un cône entre les lèvres.

Je m’en fous, si le lecteur n’est pas d’accord, car on peut tout légaliser, dans une fiction politiquement correcte.

Et pour enquiquiner les petits bourgeois, je l’ai imaginée avec des piercings partout.

C’est logique, somme toute, puisque, comme vous le savez, Britney se pierce.

Je l’ai également affublée d’une crête punk, la donzelle.

Chez Johanna Spyri, la gamine était sur la crête ; chez moi, c’est la crête qui est sur la gamine. Ca permet de mieux déplacer les montagnes quand on a perdu la foi. On n’a qu’à bouger, et la crête bouge avec. C’est ce qu’on appelle en langage scientifique le « crétinisme ».

Evidemment, puisqu’elle ne tient qu’avec du gel, cette crête, il faut tout faire pour combattre le réchauffement planétaire.

Voilà pourquoi je n’ai pas placé ma Britney Heidi dans un lieu qui n’existe pas, la Suisse, mais dans un lieu qui n’existera bientôt plus, le pôle nord, qu’on voit disparaître en accéléré dans le film d’Al Gore, qui le fait fondre en chauffant sa piscine.

Entourée, non plus de chèvres, mais d’animaux polaires, Britney pourra également participer au combat de Brigitte Bardot pour la sauvegarde des bébés phoques.

Je l’ai mise toute nue, sur la banquise, pour bien illustrer la chaleur qu’il fait par moins cinquante degrés entre Mike et Horn.

Pour communiquer avec le monde pollueur, elle nous envoie de temps en temps du morse.

Son amie, Clara, ne saurait être allemande, par les temps qui courent. Non, il faut quelque chose qui interpelle, qui permette de se révolter contre la discrimination intolérable des minorités de tout poil, sur la banquise.

Alors voilà, Clara est une jeune kosovare lesbienne, tsigane, de race noire, juive et musulmane. Elle est victime de son pédophile de père et de sa toxicomane de mère qui l’enverront plus tard auprès de Heidi, sur la banquise, pour apprendre le morse, car on ne peut pas s’intégrer sur la banquise si on ne maîtrise pas le morse.

En raison de son origine multiple, je l’ai appelée Ratatouille.

Comme la Clara de Johanna Spyri, ma Ratatouille est handicapée. Elle n’a plus de bras ni de jambes, c’est donc une femme tronc, ce qui illustre parfaitement la mort des forêts.

Sa chaise était électrique, à l’origine, mais vu que Ratatouille est soucieuse de ne pas contribuer à la production de CO2, elle est passée à une chaise mécanique.

Ne me demandez pas comment elle fait pour avancer, sans bras et sans jambes, je n’en sais rien. Disons qu’elle est munie d’un panneau solaire, ce qui lui permet d’avancer … par beau temps.

Par mauvais temps, elle attend le beau temps pour progresser plus loin sur la banquise qui fond derrière elle à la vitesse de la Bentley d’Al Gore.

Heureusement, il y a Peter, pour l’aider, vous savez, le petit chevrier. Le loup ayant mangé tout son troupeau de chevreaux, en Suisse, il s’est mis à l’élevage de pingouins.

Et vu que Ratatouille est manchot, en plus d’être cul de jatte, ça tombe plutôt bien.

Entre les pingouins et les manchots, le dialogue nord-sud risque de reprendre du poil de la bête.

Peter, le petit chevrier, n’a pas peur des ours polaires, car il est habitué aux grizzlis introduits par les écolos dans ses montagnes valaisannes natales.

Quant au grand-père, je ne supportais plus la misanthropie dont l’avait affublé Johanna Spyri et l’ai pacsé avec le curé d’un village sur les îles Spitzberg où il a la bonne idée de foutre la paix à mon histoire.

Finalement, il fallait encore moderniser Madame Rottenmaier, la gouvernante. Je l’ai appelée Rottweiler.

Elle est toujours tenue correctement en laisse par Britney lorsqu’elle se promène sur la banquise, afin qu’elle ne bouffe pas les bébés phoques ou les restes avachis de Brigitte Bardot.

Néanmoins, et malgré ce qu’on pourrait penser, Madame Rottweiler n’est pas une chienne, c’est tout simplement la sado-maso de mon récit.

Donc, la seule personne à peu près normale.

Voilà, le décor est planté.

Maintenant, il me faut un scénario.

Donc, Britney, qui souffre d’un problème d’étanchéité en raison de ses piercings, vit bien heureuse sur sa banquise, accompagnée du petit Chevrier.

Un jour, cependant, sa tante du Kosovo vient l’engager pour la Swisscoy, tout là-bas, dans les Balkans.

N’écoutant que son bon cœur, Britney s’y précipite et y fait la connaissance de Ratatouille, anciennement Clara, multi-minoritaire, puisqu’elle est, comme vous le savez, femme, kosovare, noire, lesbienne, tsigane, juive, musulmane et handicapée. Ratatouille s’éprend tout de suite de Britney, qui la pousse lorsqu’il fait mauvais temps et lui court derrière lorsqu’il fait beau.

Mais Britney n’est pas heureuse, au Kosovo, car il ya tant de Suisses dans la Swisscoy, pour s’occuper des Kosovars, que ceux-ci sont désormais minoritaires dans leur propre pays.

Les autres se sont exilés sur la banquise pour apprendre des rudiments de morse et profiter du réchauffement planétaire en se dorant la pilule au soleil.

Apprenant cela, Ratatouille veut les rejoindre. Elle met sa chaise solaire roulante sur un pédalo et rallie le grand nord pour avertir ses compatriotes du terrible danger qui les menace, sur la lointaine banquise fondante.

Le danger, ce n’est pas Brigitte Bardot, qui ne fait plus fondre grand monde.

Ni le film d’Al Gore.

Ni les ours.

Le danger, c’est le trou d’ozone.

Lorsqu’elle accoste, la moitié des exilés a déjà attrapé un cancer du colon.

Pourquoi du colon ?

C’est qu’il faut être plutôt trou de balle pour attraper le cancer en se bronzant par moins cinquante sur la banquise par temps de réchauffement planétaire.

Mais Ratatouille, aidée de Britney et malgré l’absence de ses membres, fait des pieds et des mains pour obtenir une rente AI à ses malheureux compatriotes.

Que voulez-vous, son siège lui permet de rouler les gens.

C’est comme pour ceux qui bernent les citoyens à Berne.

Elle y parvient sans autres, car les pingouins élevés par le petit Chevrier sont solidaires et bons payeurs.

Les nouveaux rentiers sont contents de Seguin, même si les chèvres leur manquent.

Pour parvenir à régler l’énorme facture sociale et fracture glaciaire, les pinguins assassinent Brigitte Bardot et Franz Weber, se fracassent la tête contre les icebergs – que le réchauffement planétaire fait pousser un peu partout – et vendent leur propre peau au plus offrant après s’être ainsi éclaté la cervelle.

Le génocide est total.

Et le monde entier se met à la peau de phoque.

Pour éviter que ça ne se reproduise, les parents pingouins décident d’avorter leur future progéniture pour lui éviter le triste destin du suicide solidaire.

Et c’est la dénatalité qui s’installe entre le pôle et le Groenland !

Finalement, il ne reste plus que Britney, Ratatouille, le petit chevrier et la Rottweiler dans le grand nord, car en raison du manque de pingouins pour faire tourner la banquise, les exilés sont retournés sous la protection de la Swisscoy, qui redevient minoritaire, et vont de temps en temps déclarer leur flamme à des monastères serbes.

Là, nous nous approchons du happy end.

En effet, Madame Rottweiler, très autoritaire, sado-maso comme un phoque et jalouse de l’amour que Britney voue à Ratatouille, mord et perce le pneu de la chaise roulante qui s’immobilise définitivement.

Et là, miracle. Ratatouille, galvanisée par les encouragements de Britney qui croit en elle et lui crie qu’elle peut le faire, Ratatouille … téléphone à EXIT qui l’aide à rejoindre un monde où les culs de jatte ont des pieds et les manchots des mains pour applaudir cette triste histoire.

Depuis, Ratatouille est entrée dans le panthéon des mécréants sous le nom de sainte Euthanasie.

Britney, ultra-fâchée contre Madame Rottweiler, fait appel à la SPA qui la réinsère et la délaisse dans un poste de gouvernante chez Moritz Leuenberger qui, grâce à elle, retrouve tout son mordant.

Quant au petit chevrier, il s’est converti et laissé rebaptiser « ma moumoute elle est à la masse ». Il porte désormais turban et s’est mis en ménage avec trois faucons pèlerins avec lesquels il espère repeupler la banquise.

Il sait, le brave homme, que les faucons valent souvent mieux que les faux… merles.

Quant à Britney, elle reprend la mer. En raison de ses piercings, elle prend eau de toute part et se noie lentement dans le soleil couchant, bien heureuse d’éviter les dérèglements climatiques et tsunamis du futur.

Ainsi tout est bien qui finit bien, même si, depuis, plus personne n’apprend le morse et n’ose se promener le minet ras entre les minarets de la banquise.

Celle-ci se repeuple et grandit à nouveau, grâce à Mamoumoute, annonçant une nouvelle ère glaciaire.

Mais ceci est une histoire à dormir debout qu’il me faudrait mille et une nuits pour vous raconter.

Pour ce soir, je vais donc m’arrêter là.

Bonne nuit et que le dernier éteigne la lumière.

Oskar Freysinger

6 réponses à Oskar Freysinger: HEIDI II le retour

  1. admin dit :

    Non, on ne vous dira pas ce qu’il a fumé ce soir-là. Après tout ça lui apprendra à vouloir passer des soirées avec les mecs d’écologie libérale…

  2. gavali dit :

    non ça ne me fait pas rire. Je ne suis ni lesbienne ni noire ni juive ni musulmane ni handicapée. Tout simplement tsigane. Et nos morts me hantent, et les discriminations et violences dont notre peuple pèsent lourd dans ma tête. J’adore rigoler, je suis le contraire d’une pisse-froid. Mais là, prabut si prabut (en romani: trop c’est trop) Trop facile de faire de l’humour à la Cauet quand la situation est tellement tragique. Lisez un peu les journaux sur les expulsions, les mauvais traitements, le chômage, l’espérance de vie réduite, quand ce ne sont pas les assasinats.

  3. Francis Richard dit :

    A la fin de cette histoire je me sens tout déboussolé : je dois avoir fini par perdre le nord à cause de ce fichu réchauffement, coupable de tous les mots sortis de la bouche de l’Oskar de Savièse comme naguère de la Pithye de Delphes.

  4. Vince dit :

    Jveux la même herbe que toi !

  5. ajm dit :

    Oh pourquoi? Moi j’ai trouvé ça très lucide au contraire…

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