France : les trois petit cochons, fable économique sur un système social

Voici une adaptation du conte des 3 petits cochons, version spéciale France étatique. Pour les martiens, nous la rappelons en version originale au préalable.

Version originale
Trois petits cochons, devenus grands, se séparent de leur maman : elle les met en garde contre le grand méchant loup qui croque parfois les petits cochons imprudents.

Le premier petit cochon n’est pas travailleur. Il construit une hutte en paille. Le second petit cochon, pas très travailleur non plus, construit une cabane en bois. Le dernier petit cochon, un bosseur, construit une maison en briques.

Survient alors le Grand Méchant Loup. D’un souffle puissant, il balaie la hutte de paille. Son occupant a juste le temps de s’enfuir et de rejoindre son frère dans sa cabane, qui est à son tour balayée par le souffle puissant du loup. Fuyant à toutes jambes, les deux malheureux petits cochons trouvent refuge dans la maison en brique de leur troisième frère. Cette dernière s’avère solide : malgré le souffle en tempête du loup, elle ne bouge pas. Le loup repart bredouille.

Version moderne – France, circa XXIeme siècle
Trois petits cochons, devenus grands, tentent de se séparer de leur maman sur le plan fiscal : elle leur souhaite à chacun un travail tranquille, dans une administration territoriale pas trop loin de chez elle, ou, à la limite, dans une grande entreprise d’état, comme France Télécom, EDF ou Total.

Elle les met en garde contre, d’une part, le grand méchant loup qui croque parfois les petits cochons imprudents, et le fisc, pas tendre non plus.

Le premier petit cochon, franchement pas travailleur, opte pour des études en Histoire de Lard. La filière est ultra-bouchée, mais dispose de deux atouts non négligeables : les bancs de l’amphi sont plein de jolies petite truies, les profs sont super sympas, et surtout, notre petit cochon connaît un pote à la Direction Départementale des Musées qui, en suivant cette filière, a trouvé un job de planqué, pleins d’avantages, sans trop se fouler. Comme son ami est déjà dans la place, il ne devrait pas avoir de mal à décrocher un poste, d’autant qu’il sait que son copain fera partie du jury pour le concours d’admission.

Le second petit cochon est un peu plus travailleur, et il a choisi le droit. Au bout de six années (dont un redoublement) à trimer dans des amphis surchargés sur des codes de procédures dont le volume a doublé entre son arrivé en fac et sa sortie, il a un mal de chien à trouver un stage dans un cabinet. Au cours de celui-ci, il est promu Project Office Manager, ce qui revient essentiellement à faire des photocopies et du café pour préparer les réunions des associés. A la fin du stage, comme aucun job ne se profile à l’horizon, il se retrouve guichetier dans une grande banque.

Le troisième petit cochon, lui, en veut vraiment : pendant ses études d’ingénieur en informatique, il a découvert une nouvelle méthode pour faire des recherches plus rapidement sur internet. Il développe une application et passe un an à établir un dossier pour l’Anvar ( Agence Nationale de Valorisation de la Recherche, un machin soviétoïde) afin d’obtenir des subventions. Pour accepter son dossier, l’Anvar lui demande de candidater à un concours organisé par une prestigieuse institution étatique. Hélas, le dossier se perd à la Chambre de Commerce. Prévoyant, notre petit cochon en a fait une copie, il peut l’envoyer quand même dans les temps. Six mois plus tard, il n’est malheureusement pas sélectionné : à la place, c’est un chercheur de l’Institut National de l’Informatique Pour Les Recherches Sur Internet qui a été retenu par la commission. Ce chercheur, bizaremment, dispose du même algorithme que lui, à deux trois petits détails près.

Notre petit cochon pense qu’il y a eu une fuite : il attaque la nouvelle start-up de ce chercheur, bien qu’il soit épaulé par France Télécom, EDF et Total. Il perd au procès et doit payer une très lourde amende pour procédure injustifiée. Ruiné, il se retrouve au RMI pendant deux ans.

Il va finalement voir son premier frère qui a obtenu son poste à la Direction Départementale des Musées. Il l’héberge pendant un mois, puis lui file quelques ronds et l’expédie chez son autre frère, le guichetier. Ce dernier lui propose l’immigration au Canada. Au bout du rouleau, il accepte et embarque pour Toronto. Il y monte finalement sa société de Data Storage qui deviendra deux ans après un leader du marché.

Pendant ce temps, le grand méchant loup, lui, s’est fait expulser de son squat. Recueilli par Emmaüs, on le retrouve un jour victime d’une overdose.

Au même moment, le fisc tombe à bras raccourcis sur le guichetier qui, pour arrondir ses fins de mois, faisait un peu de brocante sur eBay. Ruiné, il se suicide.
———————

Toute ressemblance avec un Système Social Que Le Monde Nous Envie serait, évidemment, purement fortuite.

Nous avons légèrement ré-écrit la source. Il existe également une version USA de la fable, à consulter ici ->

PM

_________________