Francis Richard : L’effet boomerang des débordements de Berne

palais-federal.jpgLe lynchage politico-médiatique dont l’UDC est victime depuis plusieurs semaines a porté tous ses fruits aujourd’hui à Berne en chauffant à blanc certains esprits.

Il y a d’abord eu, après un certain temps de réflexion, le déchaînement politico-médiatique contre la fameuse affiche de l’UDC, représentant des moutons blancs expulsant un mouton noir. Avec une mauvaise foi évidente, le sens de cette affiche a été détournée de son sens. Les médias, dans leur ensemble, et certains politiciens en particulier, lui ont donné un sens raciste qu’elle n’avait visiblement pas, mais qui était le fruit de leur impure imagination. Le tapage qu’ils ont fait a même conduit un NPD, par exemple, à utiliser cette affiche dans un tout autre sens.

Il y a eu ensuite la campagne politico-médiatique menée contre Christoph Blocher, accusé sans preuves d’avoir ourdi un complot contre le procureur Roschacher et de n’avoir pas respecté la séparation des pouvoirs.

Il y a eu encore l’émeute devant le Comptoir suisse pour saluer la venue à Lausanne de Christoph Blocher. C’était en quelque sorte la répétition de ce qui s’est passé aujourd’hui.

Il y a eu encore la déclaration sibylline d’un Conseiller fédéral, en l’occurrence Pascal Couchepin (« lorsqu’un parti affirme que le destin d’un pays dépend d’une seule personne, on entre dans le système du Duce »), qui, dans le contexte politico-médiatique, monté de toutes pièces, ne pouvait se comprendre que comme une attaque peu déguisée contre son collègue au Conseil fédéral.

Il y a eu encore l’affiche diffamatoire paru dans « Le Confédéré », le journal du parti radical valaisan, faisant un rapprochement plus que douteux entre le Conseiller national Freysinger et Adolf Hitler, tous deux d’origine autrichienne.

Il y a eu enfin la déclaration de Georges Andrey, dans « 24 Heures » de ce jour, disant, sans rire, « avoir des frissons dans le dos » rien qu’à l’idée que l’UDC puisse organiser un cortège à travers la vieille ville de Berne, ce qui le faisait « furieusement penser à la « marche sur Rome », autrement dit, à la prise du pouvoir en Italie par les fascistes de Benito Mussolini en 1922. » Il paraît que ce monsieur est historien et qu’il vient de commettre « L’histoire suisse pour les nuls ». Je suppose qu’il parle pour les nuls en connaissance de cause…

Cette campagne politico-médiatique n’est pas à l’honneur de ceux qui la mènent et qui se présentent comme des démocrates, mais qui ne se comportent que comme des propagandistes. Le résultat est là : une manifestation pacifique a été empêchée et la liberté d’expression en a pris un coup. Car la manifestation que l’UDC a organisé aujourd’hui était autorisée. Celle de ses opposants ne l’était pas, mais elle a été incroyablement tolérée, en dépit des risques de débordements qu’elle présentait.

Le maire de Berne, Alexander Tschäppat, interrogé par l’ATS, « a exprimé son impuissance et sa colère devant l’impossibilité de certains à manifester pacifiquement. En Suisse, toutes les opinions devraient pouvoir s’exprimer librement, a t-il relevé. » Ce voeu pieux, précédé d’un aveu d’impuissance, est symptomatique. Le rôle du maire de Berne était de faire en sorte que de tels débordements n’aient pas lieu. En tolérant qu’une décision d’interdiction ne soit pas respectée, il ne s’est tout simplement pas fait le défenseur de la démocratie qu’il prétend être.

Il est vraisemblable que les électeurs suisses en tireront eux les conséquences qui s’imposent…dans les urnes.    

Francis Richard