Témoin aux assises, il est menacé de mort par la racaille des cités

«J’ai mis ma vie en danger pour aider la justice. Et aujourd’hui, je me retrouve seul, sans aide. Il faut que je me cache. On peut m’abattre à tout moment. »

Un Tunisien de 37 ans affirme être un homme traqué. En janvier 2003, Saad Lamiri, un jeune de Fontaine (Isère) est abattu en pleine rue. Amor Kaak, gérant d’un snack, se souvient avoir surpris une discussion entre jeunes : il était question d’une expédition punitive contre Lamiri.

« Lorsque j’ai appris le meurtre, j’ai estimé qu’il était de mon devoir d’aller trouver la police. Les jeunes que j’ai dénoncés étaient de véritables caïds. Les policiers et les magistrats m’ont dit qu’il fallait témoigner à visage découvert. » Il vit depuis comme un fugitif.

« J’ai dû quitter la région, me cacher en France, en Tunisie. Je n’avais plus de revenus. J’ai dormi sous les ponts, dans ma voiture. Je me suis réfugié dans un couvent. Des amis m’ont en effet dit que j’étais recherché. Que l’on voulait me faire la peau. Ma vie a été détruite par toute cette affaire. Quand j’ai appelé la juge, elle m’a dit qu’elle ne pouvait rien faire pour moi. J’ai tenté de joindre le procureur de Grenoble. Il ne m’a jamais rappelé. »

En janvier 2007, les cinq jeunes qu’il avait dénoncés ont été acquittés faute de preuves.

Depuis, une série de règlements de comptes sanglants entre jeunes de Fontaine a fait 6 morts. « C’est la preuve qu’ils ne plaisantent pas et que je suis une véritable cible pour eux.»

Son avocat a décidé de saisir la garde des Sceaux : « Je vais également attaquer l’Etat français. Il faut dénoncer l’abandon de ce témoin par la justice. Démontrer qu’en France la loi ne prévoit pas de protéger et d’aider les témoins qui parlent à visage découvert, comme cela se fait aux Etats-Unis. » ->
PM