Francis Richard : les dénis de réalité du PS

le-parti-socialiste.jpgAvant la dernière semaine de campagne pour les élections fédérales, vendredi 12 octobre, 10h15, Salle de Conférences du Centre des médias, à Berne, le Parti socialiste tient une conférence de presse sur le thème: la Suisse que nous voulons.

Ceux qui s’attendent à des propositions novatrices en sont pour leurs frais. Rien de bien nouveau. Le PS propose-t-il quelque chose lors de cette conférence de presse ? Non. Il semble en panne d’idées comme son homologue français. Mais il critique les projets prêtés aux autres, nommément à la droite. Qui les aurait mis au frigo jusqu’aux élections : le démantèlement de l’AVS, la baisse des rentes du 2ème pilier, la privatisation de Swisscom, une série de projets pour plus d’injustice fiscale.

Ce qui est intéressant, ce ne sont même pas les projets prêtés aux autres, mais pourquoi ils doivent être combattus selon le PS.

Les deux projets relatifs aux rentes AVS et 2ème pilier doivent être combattus parce qu’ils se traduiraient par des baisses. Le PS ne veut pas en entendre parler. Les baisses, ce n’est pas vendeur quand on les subit. Peu importe si ces baisses sont justifiées. Car le PS ne veut pas admettre que la Suisse a vieilli, qu’elle ne fait plus assez d’enfants, que la longévité a augmenté, que la pénibilité des tâches a diminué. Bref que la donne a changé et qu’il n’est pas possible de continuer comme devant.

Ce déni de réalité le conduit à refuser tout projet qui tienne compte de cette nouvelle donne, sans proposer quoi que ce soit en lieu et place. Ainsi n’est-il pas question d’accepter une augmentation de l’âge officiel de départ à la retraite, d’accepter des économies sur les assurances sociales qui, pourtant, tôt ou tard, se trouveront en piteuse situation financière. 

Le PS parle de démantèlement de l’AVS. Si seulement. Car l’AVS est une forme archaïque de redistribution comme les affectionne les socialistes. Elle consiste à prendre dans la poche des uns pour donner aux autres. C’est ce que le Parti socialiste appelle la justice sociale et que, dans le langage courant, on appelle un vol.

Le Parti socialiste ne parle jamais de la contribution forcée de tous les salaires, petits, et surtout grands, au pot commun, les riches contribuant fortement à un pot qui, une fois réparti, ne laisse que des miettes à chacun. Les faits montrent qu’il vaudrait mieux que chacun reste maître, et responsable, donc libre, de disposer de ce qu’il gagne.

La loi sur la prévoyance professionnelle, tout imparfaite qu’elle est, colle davantage à la réalité. Certes elle est pénalisée par une réglementation qui en altère les bienfaits, mais elle est certainement plus juste socialement, puisqu’elle reflète les contributions de chacun à la richesse du pays, donc les mérites de chacun, et que l’épargne ainsi dégagée fructifie en favorisant les investissements tout en profitant à l’épargnant.

S’il est une privatisation qui s’impose, c’est bien celle de Swisscom. L’avènement des nouvelles technologies a là aussi bouleversé la donne. Les opérateurs se mutiplient. La concurrence est vive. Il ne subsiste plus dans la besace de Swisscom que le monopole étatique du dernier kilomètre, qui sautera incessamment sous peu.

Swisscom est encore une entreprise profitable. Pour combien de temps ? Si elle n’a pas les coudées franches pour décider de sa stratégie, elle finira, comme Swissair, au cimetière des entreprises… Parce que l’Etat n’a pas vocation à être un acteur du marché et que, du coup, il le fait très mal.

Le Parti socialiste refuse enfin d’admettre que le profit est le moteur de l’économie. Il refuse donc par principe tout ce qui peut ressembler à des baisses d’impôts sur les bénéfices. Il ne comprend toujours pas que les profits, distribués ou investis, contribuent entre autres à la création des emplois qu’il prétend défendre. Il devrait s’interroger sur le fait que le chômage baisse en Suisse, dans le même temps où la circulation des personnes conduit à une augmentation du nombre des actifs. Ce « miracle » ne l’interpelle pas au niveau idéologique…

Le Parti socialiste devrait également s’interroger sur le fait que l’impôt progressif est démotivant pour tous ceux qui innovent et créent. L’argent soustrait par l’Etat, en réalité, l’est au marché, c’est-à-dire finalement aux producteurs et consommateurs que nous sommes tous à un degré ou un autre. Le PS, par principe, s’oppose à la flat tax. Qui serait pourtant un impôt plus équitable, puisque proportionnel à la contribution de chacun à la richesse du pays. Il se contente de dire qu’elle bénéficierait aux plus riches et pèserait davantage sur les revenus les moins élevés. Ce qui ne serait pourtant pas le cas si le PS ne s’opposait pas systématiquement aux économies.

Le PS est un parti archaïque, coupé de la réalité. Il s’arc-boute sur des positions conservatrices, qui aujourd’hui ont encore moins de raisons d’être que par le passé, l’expérience les ayant complètement contredites. Il croit protéger les plus faibles, alors qu’il les empêche de devenir plus forts, plus libres, donc plus responsables.  

Francis Richard