Francis Richard : Réponse au professeur Frédéric Piguet de l’UNIL

frederic_piguet-kl.jpgA la suite de ma chronique du 25 octobre 2007, intitulée « Heureusement que le pire écologique n’est jamais sûr …», ici, le professeur Frédéric Paul Piguet, de l’UNIL, a fait parvenir au BAF, le 29 octobre 2007, le message suivant qui m’était destiné, et que je reproduis tel quel :

« Monsieur,

Contester les résultats d’un problème de physique élémentaire ne vous écarte-t-il pas trop de la lutte contre le socialisme ?

Veuillez vérifier le calcul ci-dessous.

QUELLE EST LA CAPACITE DE SEQUESTRATION DU CARBONE PAR HABITANT DE LA PLANETE ?

La capacité de séquestration du carbone par les océans et l’espace terrestre est de 3,1 Giga tonnes de carbone (Chiffres 2003 employés par l’empreinte écologique)

La population mondiale était de 6,3 milliards d’habitants

3,1/6,3 = 0,5 t C /an/habitant

Donc tout niveau d’émission supérieur à 0,5 t carbone par an et par habitant augmente la teneur en carbone de l’atmosphère.

COMBIEN DE PLANETES FAUDRAIT-IL POUR CONJURER LA HAUSSE DU CARBONE DANS L’ATMOSPHERE SI LE NIVEAU D’EMISSION DES CONSOMMATEURS AMERICAINS ETAIT GENERALISE A TOUS LES HABITANTS DE LA PLANETE ?

Les émissions US se montent à 5,6 t C par habitant.

5,6 / 0,5 = 11

Donc il faudrait 11 planètes pour que la capacité de séquestration de la planète compense intégralement la généralisation du mode de vie américain.

CQFD

En espérant que ces précisions vous aideront à vous concentrer sur votre objectif initial.

F.P. Piguet

Unil »

Comme le lecteur pourra le vérifier lui-même, à aucun moment, dans ma chronique du 25 octobre 2007, je n’évoque le socialisme, ni de près ni de loin. Aussi la remarque préliminaire du professeur Piguet est-elle donc hors sujet, de même que sa conclusion. Mon objectif dans cette chronique n’était pas de lutter contre le socialisme, même si je ne le ménage guère par ailleurs, mais de m’opposer à cette nouvelle forme de totalitarisme qu’est la religion écologique, qui utilise la peur, comme tous les totalitarismes, pour parvenir à ses fins d’asservissement de l’humanité.

Pour effectuer son calcul d’arithmétique élémentaire le professeur Piguet emploie, semble-t-il, les chiffres de l’ONU, qui ne sont pourtant pas vérité d’évangile. Mais admettons un instant qu’ils soient exacts :

–         Comme tous ceux qui font du catastrophisme leur fonds de commerce, le professeur Piguet utilise comme référence dans sa formule le chiffre présumé le plus élevé d’émissions de carbone d’origine anthropique, celui des consommateurs américains. Ce qui n’est pas innocent.

–         S’en prendre aux Américains, responsables de tous les maux de la planète, est toujours un plaisir et cela permet, en outre, d’aboutir au nombre saisissant de 11 planètes équivalentes à la terre, pour séquestrer tout le carbone émis par l’homme pendant une année.

–         L’effet alarmiste est garanti.

–         La question de la nécessité de séquestrer tout le CO2 émis sur terre pendant une année, qu’il soit d’origine naturelle ou non, n’est pas posée.

Ce calcul élémentaire, effectué par le professeur Piguet, est en fait implicitement destiné à l’illustration du dogme fondamental de la religion écologique selon lequel l’homme, particulièrement l’Américain,  est responsable du réchauffement climatique en raison de ses émissions de CO2. Ce qui permet de faire l’économie de la recherche d’autres causes, naturelles celles-là, pour l’expliquer, telles que le soleil ou le cycle de l’eau.

Aux chiffres fabuleux du professeur Piguet, il me paraît judicieux, pour mettre les choses en perspective, de juxtaposer quelques chiffres et faits incontestables :

–         Le CO2 ne représente qu’environ 380 ppm, parties pour millions, de l’atmosphère (0,038%) et une toute petite part des gaz à effet de serre (4%), la vapeur d’eau représentant la plus grande part (effet de serre sans lequel la température moyenne de la surface de la terre serait inférieure de plus de 30°C à l’actuelle…).

–         S’il y a environ 780 Giga tonnes de carbone dans l’atmosphère, il y en a environ 40’000 Giga tonnes dans l’océan.

–         On connaît encore mal le mécanisme complexe du cycle de carbone aussi bien dans la réponse des sols à des niveaux élevés de CO2 atmosphérique que dans celle des océans, où le rôle du pictoplancton, par exemple, pourrait avoir été sous-estimé.

–         L’histoire du climat montre que la teneur en CO2 augmente quand la température augmente et non pas l’inverse et qu’elle a été bien supérieure, à certaines époques, à celle que nous connaissons aujourd’hui.

Il faut donc relativiser les choses. Et le réchauffement climatique d’origine anthropique reste à prouver. Or c’est au nom de ce dogme improbable que les gouvernements, et les scientifiques qui en vivent, s’apprêtent à diriger, et corriger, la vie des hommes de la planète…

Le catastrophisme écologique insiste sur les effets néfastes de l’augmentation indéniable de la teneur en carbone dans l’atmosphère, et oublie de parler de ses effets bénéfiques, et notamment sur la végétation. Car la végétation est la grande bénéficiaire de l’augmentation du  CO2 atmosphérique. Ce qui n’est pas étonnant puisque la photosynthèse des plantes transforme le CO2, justement, l’eau et la lumière, en glucose et en oxygène…

Seulement je ne devrais pas vous dire tout cela, vous pourriez réfléchir et …ne pas désespérer.

Francis Richard