Francis Richard : Encore un effort et le petit Jeannet deviendra grand

lhebdo-081107.jpgDans son dernier édito le petit Jeannet termine par une phrase contradictoire qui résume tout le reste de sa démonstration : « Pour l’avenir de la planète, il devient chaque jour plus risqué de ne pas prendre de risques »

Tout d’abord il est présomptueux de penser que l’homme tient entre ses mains le sort de la planète. Il serait plus avisé de dire que l’homme tient en partie son propre sort entre ses mains. Tout au long des deux siècles écoulés, ce que Fred Aftalion appelle la Révolution bourgeoise dans son dernier livre (Histoire de la Révolution bourgeoise, Editions du Trident, 25 euros) en est l’illlustration.

C’est en effet parmi les bourgeois, tant décriés, que se sont trouvés les ingénieurs, les inventeurs et les industriels qui ont façonné le monde tel que nous le connaissons, c’est-à-dire capable de répondre aux grands défis qui se posaient à lui, par l’innovation et sa mise en oeuvre.

Pour ce faire ces bourgeois ont pris des risques. Ils se sont trompés parfois, mais souvent ils ont amélioré leur sort et celui de leurs semblables, sans aboutir bien sûr à un monde parfait qui n’existera jamais que dans le cerveau fêlé des utopistes, parmi lesquels se recrutent les socialistes et autres constructivistes.

Ces bourgeois ont pris toutefois des risques calculés, sans l’aide ni la protection de personne, encore moins de l’Etat. On ne calcule les risques qu’en pesant les avantages et les inconvénients, et on ne se décide à faire que lorsque les avantages sont supérieurs aux inconvénients. L’intervention de l’Etat ayant souvent l’effet inverse de celui recherché, c’est-à-dire de retarder les évolutions. 

C’est pourquoi quand le petit Jeannet écrit : « Soutien à la recherche, stratégie volontariste en faveur du solaire et des autres technologies propres, incitations à moins polluer, fiscalité écologique maligne, il faut mettre en place des politiques ambitieuses », il se trompe tout simplement sur le processus de résolution des problèmes.

L’histoire, encore une fois, montre que ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Cette manière de voir repose sur l’illusion que les hommes politiques, du haut de leur piédestal, savent mieux que les autres ce qui est bon pour eux, alors que ces autres ne sont motivés que par des résultats escomptés.

Cependant force est de reconnaître que le petit Jeannet est en progrès. Il se rend compte implicitement que le principe de précaution est à jeter aux oubliettes quand il dit qu’ « il devient chaque jour plus risqué de ne pas prendre de risques ».

C’est un premier pas. Le petit Jeannet en fera un plus grand, et il deviendra tout aussi grand, quand il aura compris que la prise de risques ne se fait, et n’est réellement profitable, que dans la liberté, jamais sous la contrainte.      

Francis Richard