Francis Richard: Le démenti tardif de Pascal Couchepin sur l’ambiance au Conseil fédéral

Lors d’un entretien accordé à Serge Gumy dans « La Tribune de Genève » le 22 décembre dernier, Pascal Couchepin, qui assumera la présidence de la Confédération en 2008, est revenu sur ce que le journaliste appelle « le tremblement de terre politique qu’a connu la Suisse avec l’éjection de Christoph Blocher ». Qu’en termes choisis ces choses-là sont dites !

La première question de Serge Gumy est de demander à Pascal Couchepin comment s’est passée la dernière séance du Conseil fédéral avec Christoph Blocher. La réponse du Conseiller fédéral n’est certainement pas celle qu’attendait le journaliste : « Ce fut une séance très agréable, avec de bonnes discussions, comme d’habitude. » Comme d’habitude !

Pendant tous ces derniers mois le monde politico-médiatique nous a rebattu les oreilles avec l’ambiance insupportable qui prétendument régnait au sein du Conseil fédéral. C’était tout simplement du pipeau. Cela faisait partie du complot pour éliminer Christoph Blocher.

D’ailleurs Serge Gumy, obnubilé par cette certitude que le Conseil fédéral était une foire d’empoigne permanente, demande plus loin, avec une fausse naïveté, si ce sera plus simple au Conseil fédéral sans Christoph Blocher. Il s’attend, semble-t-il à une réponse affirmative. Mais Pascal Couchepin répond tout à trac : « Non. Au contraire, j’ai souvent dit que Blocher apportait quelque chose. Sans lui, nous devrons être plus critiques en matière de dépenses ».

Plus loin encore Serge Gumy demande à Pascal Couchepin si l’arrivée d’Eveline Widmer-Schlumpf, en remplacement de Christoph Blocher, va se traduire par un meilleur climat au sein du Conseil fédéral. Pascal Couchepin commence par dire : « Que des politiciens aient voulu casser la dégradation de l’atmosphère du débat politique en Suisse en ne réélisant pas Christoph Blocher, je peux le comprendre. J’ai moi-même dénoncé cette dégradation ».

Pascal Couchepin oublie de dire que cette dégradation était le fait du monde politico-médiatique auquel il appartient, monde politico-médiatique qui s’est efforcé de faire croire que Christoph Blocher ne respectait pas les institutions et qu’il n’était pas suffisamment convenable pour siéger au sein du Conseil fédéral où l’ambiance, à cause de lui, était devenu irrespirable.

Pascal Couchepin ajoute, ce qui constitue un démenti définitif au mensonge répandu alors pour nuire à Christoph Blocher : « Mais ne parlez pas de l’ambiance au Conseil fédéral, vous ne la connaissez pas ! ».

Il n’est pas sûr qu’il se serait trouvé une majorité de parlementaires pour éjecter Christoph Blocher si Couchepin avait apporté ce démenti plus tôt. Décidément le 12 décembre 2007 apparaît de plus en plus comme une journée des dupes.

Francis Richard