Mariage : un homme, une femme, l’altérité fondamentale

Ceux-là mêmes qui, il y a dix ans à peine, juraient leurs grands dieux ne pas vouloir du mariage(1), viennent le dénoncer aujourd’hui comme « rétrograde et discriminatoire »(2). Rétrograde parce qu’attaché à la nature de l’homme, forcément… Discriminatoire parce que bouchant les horizons prochains des dernières lubies en date, censées réduire homme, femme, enfant, veau, vache, cochon, couvée à l’état de bien de consommation. L’amour, la famille, s’achète, se paie, se vote aussi.

La commission des affaires juridiques du Conseil des Etats s’est en effet prononcée en faveur de l’adoption par des partenaires enregistrés pas plus tard que le 12 janvier dernier. Les mêmes qui assuraient que « le mariage demeure une institution symbolique forte, qui a surtout pour but d’assurer un statut stable et une sécurité pour les enfants du couple » et qu’il n’était « pas question d’adoption d’enfants », fustigeant la mauvaise foi de quiconque osait douter de la pérennité de ces garanties(3), placent aujourd’hui un à un les pions de leur matérialisme désolant.

Dans ce contexte de votation populaire, CLV Magazine a voulu prendre un peu d’altitude et se référer à ce qui fait précisément la tradition de cette institution. Le mariage, sacrement, signe éternel au firmament des espérances humaines, où repose le fondement de la notion de don de soi, seule expression du véritable amour. C’est sans doute parce qu’il a toujours signifié l’exact contraire de cette satisfaction égoïste par accaparement d’autrui que le mariage est aussi durement attaqué aujourd’hui. « Ce serait la première fois depuis 1848 que l’on définit exactement le mariage dans notre Constitution », s’insurge Bastian Baumann, directeur de l’association Pink Cross. « Ce qui n’a pas été nécessaire depuis 168 ans le serait brusquement en 2016 »(4). Pour quelle raison ? La question mérite d’être posée.

A mille lieues de toute velléité polémique, S.E. Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion, remet l’église au milieu du village et la boussole des cœurs sur le droit chemin. Non le mariage n’est pas un statut, une reconnaissance, social, officielle, il ne saurait être non plus le siège des ambitions terrestres, le principe de la réalisation individuelle. Il est, au contraire, le lieu du renoncement, en quelque sorte, pour les époux, la plus belle expression de la voie de la Croix. Se donner entièrement sans autre espoir que de forger le seul vrai bonheur de l’autre. Un témoignage essentiel pour notre époque, une définition, un rappel avant tout.

Olivier Dehaudt

Lire l’interview de Mgr Lovey sur CLV MAG.

NOTES

1 La Lpart ne touche pas au droit du mariage. Le fait d’accorder un statut de partenaires à deux homosexuels ne remet ainsi nullement en cause le mariage traditionnel. En aucune manière, les couples hétérosexuels ne seront touchés par cette nouvelle loi. Ce d’autant qu’elle ne peut pas entrer en concurrence avec le droit du mariage, puisqu’elle ne s’adresse qu’aux personnes qui sont dans l’impossibilité de se marier. » Jean-Michel Gros, député au Grand Conseil (GE), Parti libéral, membre du Comité interpartis « Oui au partenariat enregistré », conférence de presse, Berne, Palais fédéral, 11.04.2005, 10h00.

2 Dixit le Comité (PLR-PS-Verts-Verts libéraux) contre l’initiative « Non à la pénalisation du mariage », Berne 19.01.2016, source ATS.

Le mariage demeure une institution symbolique forte, qui a surtout pour but d’assurer un statut stable et une sécurité pour les enfants du couple. Or ici, il n’est pas question d’adoption d’enfants et s’il devait exister des enfants d’un précédent mariage, il me semble qu’un partenariat enregistré ne pourrait qu’amener une sécurité plus grande pour ceux-ci. Les référendaires prétendent en outre que cette loi heurte profondément les valeurs de la famille traditionnelle. Il faudra qu’ils nous disent un jour où le droit de la famille est touché ! (et peut-être aussi ce qu’est aujourd’hui une famille traditionnelle). C’est un peu comme si on disait que favoriser l’accession à la propriété de son logement touchait les valeurs de la propriété héréditaire individuelle. Ensuite, tarte à la crème s’il en est, cette loi ouvre la porte à l’adoption et aux techniques de procréation médicalement assistée. Alors là, on tombe dans la mauvaise foi. Certes, plusieurs associations militantes, et plusieurs parlementaires ont regretté l’interdiction formelle inscrite à l’article 28 de la loi. Mais elle y figure en toutes lettres, cette interdiction. » Cf supra, note 1.

4 19.01.2016, source ATS.

 

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