Ce que j’ai appris durant cette campagne

balle dans la nuqueUne campagne si dure, dit-on, que la gauche a dû apprendre le sens du terme « délétère » pour faire face…

Le 9 février dernier, l’employé d’un journal local, qui excelle au moins dans la relation des résultats sportifs et des finales de combats de reines, me demandait si je pensais vraiment que les journalistes étaient de gauche. Je l’ignore, mais ce que j’ai appris désormais, c’est qu’un journaliste peut pousser l’abnégation jusqu’à se faire siffler en pleine nuit par un quarteron de socialistes en mal de revanche sur Facebook pour régler son compte à un opposant.

La procession de ces enfarinés, à la fois fauteurs et victimes – grands prêtres du temps présent, la main sur le col, attendant la première occasion de déchirer leurs vêtements -, touche bientôt à sa fin.
Certes, il serait téméraire, et certainement injuste, de dire ici que le fait d’être élu ou non me touche peu ou prou. Mais je ne suis pas un politique, je suis un militant. Cette campagne de dénigrement, orchestrée grossièrement par ce reliquat d’armée d’occupation qui croit encore nous tenir, fera probablement son effet de m’éviter l’élection; mais quelle importance… Cette petite crise d’ego qui doit forcément précéder chaque épisode démocratique est aussi détestable que ces redondances médiatiques qui s’en font l’écho. Ce tintamarre n’est que le spectacle de cirque qui doit donner de l’effet à cette impression de changement débouchant immanquablement sur le sentiment de s’être fait avoir. C’est pourquoi je milite, non pour les abords caressants d’une avantageuse carrière qui ferait de moi tout ce que je ne suis pas, mais pour la fin d’une oppression. Né dans les années 70, j’ai vu monter la vague obsédante du culte de la bêtise et des boniments montés sur les sentiments du moment. Je les ai vus prendre l’école, les médias, les institutions, l’Eglise. Leur heure est aujourd’hui passée, ils doivent s’en aller. C’est pourquoi mon sort importe peu pourvu que l’emporte, à terme, cette réponse forte et déterminée que tout homme libre doit opposer aux domestiques de la pensée automatique.

Mais qu’ai-je appris enfin ? J’ai appris qu’au cœur de la tempête, agrippé tant bien que mal à la barre, les flots écrasant le pont, les secours ne viennent pas toujours de là où les attend. Les traîtres, mon Dieu, l’histoire en est pleine et le Christ Lui-même eût pardonné dans l’instant à tous les Judas de la terre sur un seul mouvement de repentir de leur part, mais Il vomissait les tièdes. Les faibles, dont les masques se décomposent dès que la vérité fait jour, dès que le voile de tulle que leur domination médiatique dresse pour les protéger de la réalité se déchire par endroit. Ils préfèrent le recoudre, jour après jour, nuit après nuit, pour cette seconde, cette minute de plus de confort dans le déni et l’ignorance. Mais il y a les forts, parmi lesquels, mes colistiers, qui, sans doute pas toujours très heureux de devoir faire front à cause de moi, n’ont pas soufflé mot dans la bataille et ont serré les rangs. Je vous invite à voter pour eux, ils sont meilleurs que moi car ils ont tous eu à me supporter et l’ont fait sans une plainte. J’ai vu qu’ils étaient prêts pour la bagarre et ne se démontaient jamais malgré la rudesse des attaques.
Mais j’ai surtout vu que le camp d’en face avait plus de pseudonymes que de vrais noms. La voilà l’espérance, le voilà le changement attendu, ils ont honte et ils ont bien raison. Une idée qui fait honte n’a plus beaucoup de temps devant elle. Ils rougissent et se cachent pour combattre, c’est tellement plus facile de ne pas avoir à assumer ce que l’on dit, ce que l’on fait. Il reste chez eux, cependant, quelques rares bretteurs élégants pour lesquels je n’ai que du respect. Notre pays est une nation d’hommes libres, il n’y a pas de place pour les valets.

J’ai appris que la bassesse de certaines manœuvres, vous jeter en pâture à la vindicte populaire, vous embrumer de haine, vous faire convoquer par les uns, par les autres, votre patron, votre famille, tout cela relevait d’une vision du monde qui ne sait plus voir l’amour fraternel. Ils vous font subir cela pour que vous vous retrouviez aussi seuls, aussi malheureux qu’eux. J’ai compris alors que je ne serai jamais comme eux, que cela m’était impossible. Un chrétien n’est jamais seul.

Mais j’ai compris surtout que je ne tolérerai plus jamais cette tutelle odieuse d’une presse dévoyée, qui a renoncé à son serment de recherche de la vérité pour se commettre dans la déformation des idées. A l’ère d’internet, accorder encore le moindre crédit à cette domination du passé n’est plus admissible. Un politicien s’adapterait, un militant résiste.

J’ai appris en somme que, faute de pouvoir l’emporter sur le terrain de la raison, ils visaient tous une chose, une seule chose qu’ils n’auront jamais mais qui explique ce tabassage en règle dans leurs petites feuilles de province: que nous nous taisions.

Je n’ai pas fait cette campagne pour le privilège de lustrer les fauteuils du Parlement ou pour gagner des titres, on m’en prête bien assez d’ailleurs, mais pour l’honneur de pouvoir enfin vous parler.

Merci !

Adrien de Riedmatten

 

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