‘Mariage’ pour tous : Le Matin conditionne le droit de réponse à la révélation d’informations

Confronté à une demande de droit de réponse, Le Matin impose des conditions totalement illégales pour s’exécuter.

Eric Felley, l’un des derniers survivants de feu Le Matin et dont la triste réputation n’est plus à faire, avait paresseusement appliqué une martingale classique de sa coterie : l’inversion accusatoire. Confronté à la première affiche du comité NON à l’enfant-objet – celle des ventres – dont le sens était clairement de fustiger le racisme colonialiste des clients de la GPA, réduisant de jeunes femmes de pays pauvres à une forme de prostitution reproductive, le ci-devant Felley en avait évidemment conclu – réflexe idéologique – à la « xénophobie » des auteurs.

Il faut comprendre qu’après soixante ans d’un gauchisme qui confine au gâtisme, un UDC qui montre des ventre « colorés », c’est forcément raciste. On dégaine d’abord, on réfléchit ensuite.

Droit de réponse

Le but étant clairement de provoquer un dommage à la campagne en jetant ledit comité en pâture à la soldatesque des social justice warriors et autres traîne-patins d’internet, auquel Le Matin, depuis sa faillite mémorable, est contraint de réserver ses saillies, c’est par conséquent, le plus naturellement du monde, que le porte-parole Oskar Freysinger a demandé de pouvoir disposer d’un droit de réponse tel prévu par la loi, lequel s’applique également aux sites et autres blogs éditoriaux.

L’un des drames du droit suisse est qu’il fait, en cette matière, des rédactions concernées des tribunaux de première instance, le recours à un tribunal « sérieux » (si tant est que cela existe encore dans notre pays) n’étant possible qu’après décision rendue par l’un de ces grands libéraux que sont nos rédacteurs en chef locaux. Inutile de préciser que, nonobstant l’obligation de célérité, tout cela ne sert qu’à jouer la montre, étant entendu que, plus le temps passe, plus la pertinence d’une réponse passe également.

Marché noir

Dans le cas présent, Felley prétexte des vacances de Laurent Siebenmann, son rédacteur en chef, fausse sa décision en confondant les termes « homophobe » et « xénophobe » et oppose son ressenti à celui du comité qui lui demande un droit de réponse. Il faut comprendre que, bien qu’il tienne le couteau par le manche, le fait qu’un rédacteur substitue son impression à celle de celui qu’il vient d’étriller est sans valeur en cette occurrence, le droit de réponse est, par définition, un droit. D’expérience, ils font toujours cela, à commencer par la RTS et sa fameuse AIEP, vous expliquer ce que vous auriez dû comprendre, admettre et ressentir. Reste que le comité avait le droit de répondre que l’accusation de xénophobie relève de l’inversion et est totalement abusive.

Là où Felley viole carrément le droit est quand il fonde son refus sur le fait que Freysinger ne lui donne pas les noms des autres membres du comité et que, se doutant de leur identité, il croit pouvoir estimer à bon droit que ces personnes doivent être privées, précisément, de leurs droits, fussent-ils fondamentaux.

Ecce homo, voilà l’homme, Eric Felley, qui aura consacré sa vie au service le plus vil de toutes les doxas de l’instant et qui, sous couvert de sa profession de journaliste, se retrouve à interdire la libre expression en pleine campagne démocratique.

Ce n’est pas que nous sommes désolés, mais, pour avoir suivi ce qu’il ne convient pas vraiment d’appeler une carrière, nous constatons la lente déchéance, un peu comme pour un parent éloigné qui perdrait gentiment la boule. D’ici à ce que Tamedia ne le range sur un blog annexe de la version française de blick.ch pour le tirer jusqu’à l’AVS, nous tenons à le remercier pour avoir œuvré avec tant de constance et de persévérance à l’inéluctable extinction de cette presse romande que nous détestons tant.

Noël Macé