En plein desert…

En plein desert syrien entre Alep et Palmyre, sur un clavier en lettre arabe (et sans accent, ni guillemets) dans ce qui est sans doute le plus beau pays du monde, avec le peuple le plus doux et le plus accueillant que la terre ait porte. Sur le chemin de Damas, a la poursuite de saint Paul, entre maronites, latins, grecs ou syriaques, orthodoxes ou catholiques, armeniens et arameens, sur les traces des Croises, dont on comprend si bien qu’ils n’aient plus voulu rentrer; entre Homs, Edesse ou Antioche, sur les traces de quelque officier francais enivre d’Orient et porte disparu depuis bientot 100 ans, entre deux vapeurs d’un encens lointain, le Baf vous salue bien.

Les Syriens, fins, patients et tres intelligents sentent bien la menace qui pese sur une nation qu’ils adorent. Des avions de chasse nous survolent a tres basse altitude, les plus vieux hochent la tete et parlent de l’Irak, de leurs cousins, de leurs amis refugies, des chretiens qui ont du fuir. – Dites aux votres, dans votre pays, quand vous rentrerez, dites combien notre pays est beau et que nous voulons nous tourner vers vous -.

A la defense du Liban, nous avons souvent pris partie contre la Syrie, le fait est que le peuple syrien est le plus aimable, le plus sincere, le plus tolerant et le plus honnete qu’il nous ait ete donne de rencontrer, a mille lieux de l’image  negative d’un gouvernement qui n’a, d’ailleurs, rien de dictatorial. Leur position sur le Liban decoule d’un reflexe patriotique, lequel provient d’une erreur de partage due aux puissances occidentales au debut du XXe siecle. Il est etonnant, presque effrayant de voir a quel point la majorite du peuple musulman et les chretiens s’aiment et s’entendent dans une meme unite nationale (naif? peut-etre, mais pas de preuves du contraire en tout cas…). Quand nous disons aux Syriens chretiens, plus volontiers francophones, qu’ils figurent en bonne place sur la liste des Etats voyous dans l’horizon mediatique occidental, les larmes leurs montent aux yeux. L’independance n’est pas un vain mot au pays des mille et une cultures.

Les Emirats et Le royaume seoudite travaillent en sous main pour radicaliser un Islam etonnamment penard. Les Juifs ont choisi Israel, les chretiens qui en ont les moyens s’envolent pour l’Amerique, les autres se preparent… Ca va changer, on le sait; on regrette mais c’est comme ca.

Le pays tout entier se tend dans un dernier effort pour un tourisme intelligent qui leur permettrait de mieux se faire connaitre et d’eviter la guerre. Si les Ricains mettent un seul de leur gros orteil visqueux sur le territoire, le pays est foutu; comme une fleur fragile foulee aux pieds, de rage.

Nous leur avons promis de tout vous dire et que vous viendrez voir.

Et Dieu que ce desert est beau pour un homme qui n’a que du vert dans son horizon depuis toujours. Dieu que leurs femmes sont belles, et superbes ces bedouines aux yeux verts dont les yeux sont les seules choses que l’on ne verra jamais. Et Dieu que Dieu est grand quand il est prie en arabe, langue chretienne par excellence (inch Allah, Allahu akhbar, des prieres chretiennes !).

Vu, la ceinture de Marie chez les Grecs orthodoxes d’Homs, une vieille eglise catholique laissee par les Francais apres la fin de leur mandat et entretenue par un jeune commercant musulman qui a recupere  certains batiments pour y batir une maison pour sa famille et n’a pas touche a la chapelle, mais, au contraire, la gardee en l’etat, avec moultes crucifix et statues de la Vierge, parce qu’ – elle benit sa famille -; des myriades d’enfants jouant dans les rues, plus nombreux que les colombes de la place saint Marc; des gosses bedouins qui savent dire – Achetes-moi des cartes postales – dans une vingtaine de langues et vous faire la visites complete dans un francais phonetique absolument parfait, de vieux arabes tetant le narguile, les aveugles aux entrees des mosquees, un cul-de-jatte de mon age, heureux et agile, avec le plus beau sourire, et meme un vieux patriarche grec qui a voulu m’engager pour enseigner le francais aux jeunes – pour qu’ils fassent du tourisme, qu’ils aient un bon emploi ici et qu’ils ne partent pas tous a l’etranger… En Europe, on ne les aimera pas comme ici, ils ne seront pas heureux -. Nous avons hesite, puis nous avons pense a vous… dur !

Je ne reviendrai jamais tout a fait…

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