Michel de Poncins: LA JUSTICE DANS L’ECONOMIE DE MARCHE

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l’économie de marché expliquée à tous

Agir avec justice, obtenir la justice, rendre la justice : toutes ces expressions courantes montrent combien la justice est inscrite au coeur de l’homme, qui est créé à l’image de Dieu, dont l’un des attributs principaux est justement la justice. Les Encycliques de la doctrine sociale de l’Eglise insistent plusieurs fois sur la nécessité d’un encadrement juridique ferme et précis pour permettre le bon fonctionnement de l’économie de marché.

La base  de la justice sont les tables de la loi remises par Dieu à Moïse et en particulier le commandement : « Tu ne voleras pas ».

Le respect du droit de propriété résume toute la justice. La propriété s’étend à une foule de domaines : propriété de soi-même, de son temps, de ses idées… propriété de ses biens matériels : terre, bâtiments… propriété des biens immatériels, ces derniers étant de plus en plus nombreux dans l’économie qui se complexifie de plus en plus.

La propriété s’exerce et s’étend indéfiniment par le jeu des contrats. Le respect des contrats avec leurs clauses et leurs délais fait partie de la justice.

Le droit de propriété a pour corollaire le devoir pour chacun d’entretenir sa propriété s’il en a la possibilité. La nature est un immense et merveilleux jardin confié à l’homme par le Créateur et, s’il n’y avait pas de droit de propriété, le jardin serait à l’abandon. En effet, si le propriétaire n’entretient pas sa propriété par sens du devoir, il y est le plus souvent conduit par le sentiment de son intérêt.

« Le devoir des rois est de rendre la justice » ; sauf erreur,  cette citation est de Saint Thomas. Rendre la justice dans  le respect des droits de propriété et des contrats est essentiel. Chacun a dans son souvenir l’image du roi Saint Louis exerçant la justice sous un chêne.

Cette tâche de rendre la justice, qui est l’une des parties essentielles des devoirs régaliens, était relativement facile quand les organisations de pouvoir étaient modestes de dimension, comme du temps de la féodalité.

Dans un univers économique de plus en plus compliqué avec l’enchevêtrement des contrats sur des objets de plus en plus complexes, le fait même de rendre la justice implique des spécialistes et ces spécialistes, qui sont l’image locale ou spécialisée de l’autorité régalienne, doivent se soumettre au principe général de la justice à savoir défendre les propriétés.

Tout cela implique que la justice soit rapide, accessible à tous aussi bien les riches que les pauvres, et qu’elle rende des sentences bien motivées.

Si cet objectif est atteint ou approché, la richesse  générale en est augmentée car chacun s’occupe de sa propriété avec le plus grand soin et la développe. C’est l’illustration parfaite du principe de subsidiarité.

L’on voit à ces analyses que plusieurs grandes chimères fort à la mode sont contraires à la justice : justice sociale, justice distributive, justice fiscale et d’autres. Le dérapage commence dès que l’on ajoute un adjectif.

D’abord, c’est l’incertitude. Celui qui parle et qui, très souvent, parle avec une autorité usurpée définit lui-même l’adjectif et le change au gré des évènements, de ses intérêts ou de ses humeurs. Ensuite ces ajouts se font toujours au détriment de personnes diverses et elles sont de ce fait contraires à la justice.

Par exemple tous les faux droits de l’homme impliquent des spoliations : droit à la formation, droit au travail, droit à la santé, droits à… . Il faudra, pour les satisfaire, que quelqu’un quelque part abandonne ses propres droits par la force. La prétendue justice sociale consiste à permettre à certaines catégories de population de ne pas respecter le contrat de travail ou encore à un locataire de ne pas respecter le contrat de bail : en fait, c’est une violence sociale.

C’est pour cela que la notion de justice sociale et les autres devraient être bannies de tous les enseignements officiels et de toutes les analyses jounalistiques.

Benoit XVI, pour sa part, dans l’encyclique DEUS CARITAS EST, c’est-à-dire Dieu est amour, porte un jugement terrible, inspirée d’ailleurs de Saint-Augustin :  « Un  Etat qui ne serait pas dirigé selon la justice se réduirait à une grande bande de vauriens ».

Michel de Poncins

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