Michel de Poncins: ETRE PROPRIETAIRE DE SON TRAVAIL

Historiquement et économiquement, la plus importante manifestation du droit de propriété est celle de son propre travail. Quand Dieu, il y a 14 000 ans peut-être, a commandé à l’homme d’exploiter la terre, c’était bien, pour commencer, en travaillant à la sueur de son front, le capital, qui est en quelque sorte du travail mis en réserve, arrivant tout de suite pour s’associer au travail.

L’idéal est la liberté complète du travail telle qu’on peut l’imaginer aux origines : pouvoir travailler comme on veut, quand on veut et oû on veut. Il faut reconnaître que cet idéal existe aujourd’hui mais rarement dans des sortes de zones de liberté. Il n’est nullement généralisé, notamment à l’échelle d’une nation, encore que la situation des divers pays soient très différentes les unes par rapport aux autres.

Un peu d’histoire est nécessaire.

La tendance à essayer d’exploiter le travail des autres est permanente : l’esclavage en est le résultat, les guerres étant souvent déclenchées pour razzier les esclaves. Cette pratique a freiné massivement les progrès économiques de l’antiquité : pourquoi faire des progrès techniques dès lors que les esclaves sont là en abondance ? Cette remarque montre à l’évidence les bienfaits de la liberté du travail, chaque travailleur cherchant à faire de son mieux, à l’inverse des esclaves. Les Américains remarquent la formidable énergie des immigrants asiatiques, alors que les populations noires ont gardé une grande indolence venant de leur ancien statut !

Un autre exemple du formidable levier de la liberté du travail est la défunte union soviétique ; Marx disait que le travail est une exploitation du travailleur, alors que ce sont les marxistes qui ont exploité les travailleurs ; la conséquence est que les esclaves dans les usines et les kholkozes flémmardaient, gardant toute leur energie pour cultiver leurs lopins ou pour de petits trafics où ils travaillaient librement.

L’Eglise a fait beaucoup pour l’abolition de l’esclavage, qui pourtant demeure encore notamment dans les pays musulmans. A ce titre, elle a ouvert la possibilité des progrès techniques et doit en être créditée.

Ce fut un long processus. Dans un passé qui n’est pas si lointain et, en particulier, au Moyen Âge les populations craignant les attaques des pirates se groupaient autour du seigneur qui leur donnait à cultiver les terres aux alentours et les protégeaient quand les pillards arrivaient. En regard, les populations restaient sur place ce qui était une sorte de servage.

Ensuite, quand le commerce s’est développé autour des villes-marchés, des corporations sont apparues. Ces organismes rendaient service à leurs membres mais avaient également pour effet de barrer aux nouveaux l’accès de certains métiers.

Si l’on avance dans l’histoire l’on voit arriver un phénomène nouveau d’esclavage qui est le socialisme. Les Etats s’occupant de tous les détails de la vie économique et même de la vie privée des gens réglementent à tout va les conditions du travail. Il en résulte que, dans certains pays dont la France est l’exemple emblématique, la situation est catastrophique.

Un exemple fameux est l’abaissement de l’âge de la retraite de 65 à 60 ans qui a pesé d’une façon extrêmement lourde sur la prospérité générale et un autre exemple est constitué par les 35 heures dont les effets négatifs sont parfaitement connus. L’un des effets les plus délétères est d’avoir découragé les gens vis-à-vis du travail ; ce découragement atteint même les cadres dont l’attachement au travail est devenu très atténué dans le monde actuel. Beaucoup de chefs d’entreprise déplorent la difficulté à obtenir de certains cadres un rendement et un travail corrects.

La situation juridique n’est pas la même partout puisqu’un de mes correspondants m’écrit : « Il faut le temps d’aller de Paris à Genève pour lire le droit du travail suisse. On n’a pas assez de temps, en faisant le tour de la terre, pour lire celui de la France… »

Concernant le code du travail français il a certainement pas tort, car il est devenu un monument d’absurdité : la liberté du travail impliquerait de supprimer d’immenses pans du code du travail. Ce correspondant est-il légèrement optimiste pour le code du travail suisse ? Je l’ignore, mais il y a certainement une très grande différence entre les deux pays, ce qui explique en partie la supériorité économique de la Suisse dans beaucoup de domaines.

Une bonne nouvelle vient d’Autriche : la semaine de 60 heures va être possible. Ces 60 heures pourront être travaillées pendant 24 semaines par an, à condition d’intercaler des plages de 15 jours sans heures supplémentaires toutes les huit semaines. La décision ne reviendra pas à des conventions collectives mais à des décisions entreprise par entreprise, ce qui remet au terrain et, en définitive, aux clients le soin de décider. N’oublions pas que l’Autriche ne connaît pas l’usage de la grève, affiche une croissance annuelle de 3 % environ et a les taux de chômage les plus bas d’Europe. Il y a donc encore de la réglementation mis elle va dans le bon sens.

Pour terminer rappelons la devise des bénédictins : « ora et labora » ou « prière et travail ». Un vieux dicton dit que l’oisiveté est la mère de tous les vices. En fait, le travail correctement et librement accompli dans le cadre du devoir d’État, c’est-à-dire de ce qui correspond à la volonté de Dieu sur nous, est une forme de prière.

Michel de Poncins

 

Voir, pour la vraie solution sur ce sujet, mon livre : « Chômage, fils du socialisme » aux éditions François-Xavier de Guibert, à commander en librairie en France et à l’étranger.

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