Francis Richard : aux bons soins de Benoît XVI

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Le 16 décembre 2006, dans un manifeste publié par « Le Figaro », des laïcs éminents, catholiques romains, souhaitaient « devant l’émoi médiatique provoqué par une possible libéralisation de la messe grégorienne, témoigner publiquement de (leur) fidélité, de (leur) soutien et de (leur) affection au Saint-Père, Benoît XVI ». Ils voyaient « venir avec joie la libéralisation (du rite) qui fut (leur) ordinaire, celui de (leurs) parents et de (leurs) grands-parents, et qui a nourri la vie spirituelle de tant de saints ». Ils se réjouissaient que les fidèles de plus en plus nombreux « soient attachés à la beauté de la liturgie sous ses différentes formes » et que la création de l’Institut du Bon Pasteur montre le chemin de la réconciliation. Ils se disaient choqués « par l’idée qu’un catholique puisse être inquiet de la célébration de la messe qui fut celle que célébrèrent le Padre Pio et saint Maximilien Kolbe. Celle qui a nourri la piété de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et du bienheureux pape Jean XXIII ».

Parmi les signataires il y avait ces « extrémistes » que sont les académiciens René Girard et Michel Déon, les comédiens Jean Piat et Claude Rich, l’écrivain Jean Raspail, l’historien Jacques Heers, l’économiste Jacques Garello ou le journaliste François Foucart.

Le 7 juillet dernier le Saint Père les a confortés à son tour en publiant son motu proprio « Summorum Pontificum » dans lequel il décide de mettre en œuvre de nouvelles normes relatives au rite tridentin dans l’Eglise.More...

Pourquoi ?

Sa Sainteté le Pape Benoît XVI l’explique le même jour dans sa « Lettre du Pape aux Evêques du monde » à l’occasion de la publication de ce même motu proprio.

D’abord le Saint Père rappelle, ce que d’aucuns ignorent, et que d’autres veulent ignorer, que le Missel de 1962, promulgué par le Pape Jean XXIII, et qui est le parachèvement du rite tridentin, dit de Saint Pie V, « n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé ».

Pour rassurer ceux qui craignent que l’autorité du Concile Vatican II en prenne un coup, il qualifie le « Missel, publié par Paul VI et réédité deux fois par Jean-Paul II » de « forma ordinaria » de la liturgie eucharistique, et celui, antérieur au Concile, de « forma extraordinaria » de la célébration liturgique.

Je trouve parfaites ces qualifications, n’en déplaise aux esprits chagrins. Certes le Pape Benoît XVI ne donne certainement pas la même signification que moi à ces qualificatifs. Encore que…Je considère en effet que le rite post-conciliaire jusqu’ici imposé en tous lieux de culte à de trop rares exceptions près, est un rite bien ordinaire, alors que le rite tridentin me semble toujours plus extraordinaire à mesure que je le pratique.

Le Pape Benoît XVI explique alors que le cadre normatif voulu par son prédécesseur Jean-Paul II dans son motu proprio « Ecclesia Dei » en 1988 s’est avéré dépassé, la question de l’usage du Missel de 1962 étant « restée difficile », en raison des craintes que soit mise en doute l’autorité du Concile Vatican II .

Force a été de constater que la demande de l’usage du Missel de 1962 n’a pas été « limitée à la génération plus âgée, celle qui avait grandi avec lui » et qui, sous-entendu, s’éteindrait avec elle. Benoît XVI constate : « il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement ». Patatras ! La donne avait changé…Grâce à Dieu !

Conclusion du pape : ce « besoin d’un règlement juridique plus clair » n’était pas prévisible au moment du motu proprio de 1988 décidé par Jean-Paul II . D’où le motu proprio de Benoît XVI pour y remédier…

Je ne vais pas passer en revue les dispositions de ce motu proprio. Je retiendrai seulement qu’il rend plus difficile d’empêcher la célébration de la messe selon le rite tridentin si des fidèles le demandent. Je retiens surtout que le pape souhaite que tous les efforts soient faits « afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau ».

A propos des deux missels, l’antérieur et le postérieur au Concile Vatican II, Benoît XVI dit qu’ « il n’est pas convenable de parler de ces deux versions du Missel Romain comme s’il s’agissait de « deux Rites ». Il s’agit plutôt d’un double usage de l’unique et même Rite ».

Nous verrons…à l’usage. En attendant le motu proprio « Summorum Pontificum » entrera en application le 14 septembre prochain, qui, selon le Missel de 1962, est le jour du « Triomphe de la Sainte Croix »…       

Francis Richard

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