Michel de Poncins: LE DROIT DE GREVE

Votre argent vous intéresse

l’économie de marché expliquée à tous  

Le prétendu droit de grève est un aspect important que personne ne peut négliger. Nous disons bien le « prétendu », car le droit de grève est une atteinte au droit de propriété et à son corollaire la liberté des contrats : en effet, l’employé quelle que soit sa situation signifie en faisant grève qu’il arrête de travailler et qu’il rompt le contrat d’une façon unilatérale.

La normalité voudrait qu’il n’y ait jamais de grève et qu’en cas de grève toutes les conséquences d’une rupture unilatérale de contrats se produisent avec, en particulier, des indemnités ou des dommages et intérêts.

De grands pays n’ont jamais de grève ou presque jamais comme l’Autriche  ou la Suisse. Au Japon, les grévistes mettent un brassard pour indiquer qu’ils sont en grève mais continuent à travailler. Ces pays, néanmoins, ont bénéficié des progrès sociaux aussi bien et même souvent mieux que les autres pays, ce qui condamne l’idée que les grèves étaient nécessaires à ces progrès sociaux.

Au XIXe siècle, notamment, il y eut dans toute l’Europe des grèves parfois très dures, la troupe étant convoquée pour briser la résistance des grévistes. Certaines de ses grèves étaient  provoquées par l’insuffisance des salaires ou autres conditions de travail ; d’autres était provoquées simplement par l’intervention du machinisme. Les canuts lyonnais brisaient les machines qui travaillaient la soie de façon automatique, étant accusées de leur enlever le painpendant, d’ailleurs, qu’elles donnaient du pain aux travailleurs les fabriquant. Pendant longtemps des travailleurs à domicile dans les montagnes aux alentours de Roanne livraient leurs marchandises aux fabriquants; quand les machines à tisser arrivèrent, elles privèrent ces familles de leur ressource et ce ne fut pas sans remous; les grands ateliers créées pour abriter les machines connurent plus tard des mouvements de grève.

A ce rappel historique, s’est ajouté le problème des services dénommés abusivement « services publics » ; nous disons « abusivement », car l’analyse honnête est de constater qu’il n’y a jamais que des services privés qui devraient être assurés par des activités privées : la notion de service public est un non-être. Quand la grève s’exerce dans ces services, c’est une sorte de guerre que les grévistes déclarent à leurs concitoyens étant donné leur importance pour la vie de tous. J’ai écrit que les grèves à répétition dont souffrent toute l’année les « banlieusards » en France, au nombre d’une dizaine de millions, est une véritable agression car le droit de grève est dans l’ordre naturel très inférieur au droit de circuler : par la grève ces banlieusards sont vingt fois dans l’année  cloués cruellement sur le quai.

Actuellement, la France est l’objet d’une tentative du nouveau pouvoir en place pour obtenir un service minimum en cas de grève et pour  réglementer autant que possible les nuisances infligées aux populations par ces grèves intolérables. Ce n’est qu’une tentative car le déroulement du processus montre bien que le pouvoir va reculer et qu’il a déjà commencé à le faire.

Le paysage de l’Europe est contrasté dans ce domaine et un grand nombre de pays ont un système de service minimum, indépendamment des pays qui n’ont jamais de grève comme déjà mentionné. L’Italie, l’Espagne, la Grèce et d’autres ont des services minimum. Il existe aussi des pays qui connaissant des grèves dans les activités privées ne les pratiquent pas dans les activités publiques :  tel est le cas, plus ou moins, en Grande-Bretagne et au Danemark. En Allemagne, les fonctionnaires n’ont pas le droit de grève.

La situation, en France, se complique par l’inscription dans la constitution du droit de grève. Nous avouons ignorer si cette anomalie est unique ou si elle est répandue. Il est inacceptable que la constitution, qui doit seulement organiser le jeu des pouvoirs publics, diffuse des énormités juridiques de cette sorte.

Encore faut-il penser à la nuisance des syndicats. Leurs chefs soufflent à chaque occasion sur le feu, sachant que la prospérité de leur bureaucratie  et donc leur richesse personnelle repose beaucoup sur des grèves réussies, que l’on rappelle avec gourmandise dans les documents de propagande ; le summum du désordre est atteint quand des heures de formation payées par les contribuables sont consacrées à la science négative de l’organisation des grèves, avec en conséquence l’appauvrissement de la population. Cette intrusion des syndicats est une dérivation immense d’argent générant un effet de pauvreté dans le corps social,  même si son chiffrage ne sera jamais réalisé  pour des raisons évidentes.

Il est certain que l’économie de marché  implique la liberté des contrats et le respect de tous les contrats y compris du contrat de travail. Ces deux aspects sont un élément essentiel de la richesse générale.

Concernant le droit du travail dans mon livre : « Le chômage fils du socialisme, la vérité et les remèdes » (Editions François- Xavier de Guibert), je préconise la création  de contrats de travail complètement libres avec l’institution d’une catégorie nouvelle que je dénomme les « nouveaux travailleurs ». Il se créerait des modèles de contrats échappant à l’inénarrable code du travail et bâtis  par des juristes suivant diverses formules ; ces modèles pourraient fort bien  prévoir tous les cas de négociations entre employeurs et employés. Les grèves et leurs effets destructeurs seraient évitées.

Pour terminer, lisons Saint-Paul : « On ne cesse jamais de prier quand on ne cesse pas de bien faire ».

Michel de Poncins

1 réponse à Michel de Poncins: LE DROIT DE GREVE

  1. Jean Naimard dit :

    Vous devriez venir voir au Québec.

    Ici, la grève n’est légale que lorsque le contrat de travail est échu. Autrement, toute grève est illégale…

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