Francis Richard : on est mal, Barré

hurricane-floyd.bmp Nicolas Barré, Directeur-adjoint de la rédaction du « Figaro », a pondu le 9 août dernier un de ces éditos fulgurants, dont il a le secret, et qui ne laisse pas de m’étourdir. Je dois être trop émotif… Intitulé modestement « Agir sur le climat », cet article est un modèle du genre de la nouvelle religion écolo qui fait du réchauffement le début et la fin de tout. C’est pourquoi il ne pouvait que m’interpeller au niveau du vécu climatique.

Cet édito est une vraie mine pour qui s’intéresse à cette nouvelle religion. Ainsi peut-on y apprendre que tout ce cirque a commencé lors de l’ineffable sommet de Kyoto en 1997. Nicolas Barré s’émerveille devant le chemin parcouru en dix ans : «A l’époque, souvenons-nous, les dangers liés à l’accumulation des gaz à effet de serre n’étaient guère connus au-delà du cercle des experts». Alleluia !

C’est là que Nicolas Barré pose la première question existentielle : «Qui, aujourd’hui, hormis quelques esprits obtus – il en restera toujours – doute que la planète se réchauffe ? ».

Il m’a paru intéressant de partir à la recherche d’au moins un de ces esprits perdus, que Nicolas Barré balaye d’un revers de son auguste main, en les qualifiant d’« obtus ».

Mais auparavant il convient de laisser une nouvelle fois la bonne parole à Nicolas Barré. Grand prêtre de la nouvelle religion, il pose dans son homélie la deuxième question existentielle : « Qui ose encore prétendre, contre toute évidence, que l’activité humaine n’est pas à l’origine d’une partie du dérèglement climatique que nous vivons ? ».

Récapitulons. Il faut croire au réchauffement global. C’est le premier dogme. Ce réchauffement est dû à l’accumulation de gaz à effet de serre. Barré ne nomme pas le CO2, mais tout le monde a compris que c’est de lui qu’il s’agit. C’est le deuxième dogme. Ce réchauffement est responsable du dérèglement climatique. C’est le troisième dogme. Enfin l’activité humaine, sous-entendu en augmentant le taux de CO2, est responsable d’une partie de ce dérèglement.

Il va de soi que cette religion écolo s’effondre s’il n’y a pas de réchauffement global (global warming). Admettons par hypothèse qu’il y ait bien réchauffement global, cette religion ne tient pas davantage si l’accumulation de gaz à effet de serre ne peut être tenue pour responsable de ce réchauffement. Si le dérèglement climatique n’est pas la conséquence d’un réchauffement, mais de toutes autres causes, cette religion a également du plomb dans l’aile. Enfin la responsabilité humaine, même d’une partie du dérèglement climatique, tombe d’elle-même si tout cela n’est que du vent.

Parmi les quelques esprits obtus, qui en fait sont légion, mais qui n’ont pas voix au chapitre, j’en ai donc retenu un qui m’a l’air de taille.

Le 5 mars 2007, lors d’un séminaire de travail sur « l’évolution du climat » à l’Académie des Sciences de Paris, un de ces « quelques esprits obtus » a fait une communication, qu’il faut bien qualifier d’hérétique, sur le sujet du réchauffement. Il ne s’agit ni plus ni moins que de Marcel Leroux, Professeur émérite de climatologie à l’Université Jean Moulin (Lyon III) et ancien directeur du « Laboratoire de Climatologie, Risques, Environnement » (CNRS). Vous allez voir comme cet esprit est « obtus ».

Marcel Leroux remarque d’abord que « des régions se réchauffent tandis que d’autres se refroidissent » et pose cette question naïve : «Une moyenne de comportements thermiques aussi divers, et même carrément opposés, a-t-elle une valeur climatique globale ? (souligné par lui)» Question à laquelle il répond en toute candeur : « Certainement aucune (souligné par lui)». Le premier dogme serait-il donc contestable ?

Non moins naïvement cet « esprit obtus » se demande si le CO2 expliquant le réchauffement ne devrait pas expliquer tout autant le refroidissement. Relevés de température et reconstructions, tirées de données glaciaires, à l’appui, il a le toupet de conclure ainsi : « Supposons (comme le GIEC) que le CO2 peut vraiment agir, en dépit de la vapeur d’eau (qui représente 95% des gaz à effet de serre, comme le souligne auparavant Marcel Leroux). Si une covariation (souligné par lui) peut être constatée, aucune relation causale, physiquement fondée, prouvée et quantifiée, n’a été établie (souligné par lui) entre l’évolution de la température (hausse et baisse) et la variation de l’effet de serre par le CO2 ». Le deuxième dogme ne serait-il donc pas moins contestable que le premier ?

Y-a-t-il une autre explication au dérèglement climatique que le réchauffement global ? Marcel Leroux, en conclusion de sa communication « obtuse », rappelle « brièvement les traits majeurs de l’évolution climatique observée (qu’il vient d’exposer en détail) :

·        L’Arctique ne se réchauffe pas, pas plus d’ailleurs que l’Antarctique, ou que le globe dans son ensemble, des régions se refroidissant et d’autres se réchauffant.

·        La pression de surface s’élève dans les AA (agglutinations anticycloniques), formées et renforcées par des AMP (anticyclones mobiles polaires) plus puissants, hausse de pression antinomique d’un prétendu « scénario chaud »
·        Sur les continents, les AA non permanentes mais plus fréquentes, en hiver comme en été, provoquent de longues séquences de stabilité (froide ou chaude), sans précipitations.

·        Le temps est plus violent et plus irrégulier, avec tempêtes et vents forts, temps provoqué par des AMP renforcés qui dévient vers les pôles davantage de chaleur sensible et latente tropicale, selon des trajectoires imposées par le relief.

Les changements climatiques sont physiquement orchestrés par la dynamique des échanges méridiens d’air et d’énergie, plus intense depuis les années 1970.

L’hyper-simplification du GIEC reliant température et CO2, évite de poser la question de savoir s’il existe d’autres causes. »

Les troisième et quatrième dogmes ne s’écrouleraient-ils pas de facto ?

Les phrases suivantes de l’homélie du bienheureux Nicolas Barré prennent alors toute leur saveur « aiguë »:

« Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous ne nous interrogeons plus seulement sur le temps qu’il fait. Nous nous posons des questions sur le temps que nous faisons et, plus gravement encore, sur le climat que nous mijotons à petit feu pour les générations à venir ».

C’est étourdissant, n’est-il pas ?

Francis Richard

7 réponses à Francis Richard : on est mal, Barré

  1. lumière dit :

    Je signalerai également que la religion dominante a un défaut majeur, celui de considérer l’ecosystème comme un système fermé et de ne pas prendre en compte les influences qui pourraient venir de l’extérieur. Cela dit, il semblerait qu’un début de fronde ait lieu au niveau politique avec enfin des chefs d’état qui ont le courage de se dresser contre la mythologie dominante:http://observatoiredeleurope.com/index.php?action=article&id_article=662806&PHPSESSID=d4f43869e453290b8e633f2a363854eb

  2. Richard83 dit :

    Réchauffement climatique… la nouvelle mode!!
    et le trou dans la couche d’ozone qui laissait passer les rayons qui devaient nous griller et dont les « experts » écolos et journalistes « spécialisés » nous ont rabattu les oreilles durant des années…..il est ou?

    OUI, il est passé ou ce trou dans la couche d’ozone???

    Après le réchauffement , nous aurons droit à quoi??

  3. Escaravage dit :

    Où vit donc Mr Richard ? Probablement dans un bunker climatisé ne recevant du monde que la propagande anti warming orchestrée et financée par les lobbys industriels du charbon et du pétrole. Je lui conseille de sortir un peu et de voir le temps qu’il fait, et plutôt que de préter l’oreille aux élucubrations des Allègre et Leroux unanimemdent déconsidérés par la communauté scientifique, de se tenir au courant des catastrophes météorologiques quotidiennes. Les Inuits, les Chinois, les Indiens, eux, sont bien payés pour apprécier le changemen. Qu’il aille donc faire un tour chez eux. Ne le connaissant pas, je ne lui ferai pas l’injure de penser qu’il fait partie des corrompus stigmatisé récemment par Al Gore.

  4. Francis Richard dit :

    Mea culpa : Marcel Leroux est toujours directeur du LCRE (Laboratoire de Climatologie, Risques, Environnement) rattaché à l’Université Jean Moulin de Lyon III

    Qu’il veuille me pardonner cette erreur !

  5. Francis Richard dit :

    Réponse à Escaravage :

    Quand on est à bout d’arguments on s’en prend aux personnes :

    « Dans les discussions, les injures sont les raisons de ceux qui ont tort » (Nicolas de Chamfort)

    C’est ainsi que le Dr. Tim Ball, directeur du « Natural Resources Stewardship Project » (www.nrsp.com), consultant en environnement à Victoria et ancien climatologue à l’Université de Winnipeg, a été accusé d’être stipendié par les industries du pétrole, comme vous le faites en répétant votre leçon bien apprise.

    Dans un article publié par « Canada Free Press » il répondait ainsi, le 5 février dernier, à cette accusation :

    “In another instance, I was accused by Canadian environmentalist David Suzuki of being paid by oil companies. That is a lie. Apparently he thinks if the fossil fuel companies pay you have an agenda. So if Greenpeace, Sierra Club or governments pay there is no agenda and only truth and enlightenment?
    Personal attacks are difficult and shouldn’t occur in a debate in a civilized society. I can only consider them from what they imply. They usually indicate a person or group is losing the debate. In this case, they also indicate how political the entire Global Warming debate has become.â€?

    (A un autre moment, j’ai été accusé par l’écologiste canadien David Suzuki d’être à la solde des compagnies pétrolières. C’est un mensonge. Apparemment, il doit penser que si vous êtes payé par les compagnies pétrolières, alors vous poursuivez un agenda. Dans ce cas, si Greenpeace, le Sierra Club et les gouvernements paient, alors il n’y a aucun agenda et seulement la vérité et la lumière ?

    Les attaques personnelles sont difficiles à supporter et ne devraient pas exister dans un débat dans une société civilisée. Je ne les prends en compte que sur ce qu’elles impliquent. Elles indiquent habituellement qu’une personne ou un groupe est en train de perdre le débat. Dans le cas présent, elles indiquent également à quel point le débat sur le Réchauffement Climatique est devenu politique)

    Enfin vous ne savez pas lire. Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait pas de dérèglement climatique, j’ai seulement indiqué, en citant le professeur Marcel Leroux, que rien ne prouvait qu’il était dû à un supposé réchauffement climatique global, qui est une explication simpliste et qui fait l’impasse sur d’autres causes, telles que celles avancées par le professeur Leroux.

    Dans le domaine des sciences l’unanimité n’existe pas. Libre à vous de succomber à la pensée unique promue par le GIEC. Ce n’est pas le genre de la maison.

  6. Bravo M. Richard.
    Juste une petite remarque à propos de votre phrase : « Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait pas de dérèglement climatique ». Je ne vous attribue pas ce propos parce que vous ne faites que répondre au docile et dévoué camarade Escaravage.
    Pour qu’il y ait dérèglement climatique il faudrait qu’il y eût réglement climatique… Ce qui est grotesque, et révélateur de la mentalité gausciste qui ne conçoit le monde que comme un cimetière où tout est statique, conforme au dogme du Parti et susceptible d’être analysé avec un agencement basique de neuronnes huilés par la rhétorique totalitaire de la Sainte Eglise du Global Warming (C)(R)(TM).

  7. Francis Richard dit :

    Réponse à Hervé Grouik :

    Vous avez raison. Je n’aurais pas dû employer l’expression « dérèglement climatique ». Mea culpa !

    Employer le vocabulaire de Monsieur Barré et consort, pour leur répondre, c’est déjà en quelque sorte le cautionner.

    Je voulais bien entendu parler d’ « évolution climatique ». Les internautes, comme vous, auront heureusement rectifié d’eux-mêmes.

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