Tribune libre: Oskar Freysinger: TOILETTAGE REGLEMENTAIRE !

Le propriétaire du restaurant «Les 25 étoiles» décida d’appliquer les prescriptions bruxelloises à la lettre et de les mettre en application avant qu’elles ne deviennent obligatoires.

Il procéda donc aux travaux de rénovation du secteur des toilettes dans son établissement.

Dans un premier temps, les cabines pour les usagers masculins et féminins furent rénovées. Ensuite, il entreprit la construction coûteuse de toilettes supplémentaires pour les hommes et les femmes handicapés. Puis il y ajouta les cabines pour fumeurs féminins et masculins.

A partir de là, les choses se compliquèrent: Il dut ajouter d’abord les cabines pour les fumeuses handicapées et ensuite pour les fumeurs handicapés. Il fallait aussi construire les toilettes pour lesbiennes et pour homos.

Suivirent les cabines pour les lesbiennes handicapées, mais non-fumeuses, les lesbiennes handicapées fumeuses, les homos handicapés non-fumeurs et les homos handicapés fumeurs. En dernier, il créa les toilettes pour usagers islamiques et juifs de sexe masculin et féminin.

Elles furent complétées, elles aussi, par des cabines pour clients masculins et féminins fumeurs, handicapés et non handicapés, de confession juive ou islamique, ainsi que par d’autres toilettes pour clients non-fumeurs, handicapés, masculins et la clientèle non-fumeuse, handicapée féminine des religions précitées.

Il fallut toutefois renoncer à des cabines pour fumeurs et non-fumeurs lesbiennes et homos, islamiques ou juifs, handicapés ou non-handicapés, car entre-temps, il n’y avait plus de place pour dresser des tables au restaurant «les 25 étoiles» et la zone des toilettes fut condamnée en raison du manque de clients.

En définitive, il fallait plutôt s’en réjouir, car nul ne sait le nombre d’usagers qui, à la recherche de la bonne porte, auraient enfreint sauvagement les prescriptions en se soulageant dans la première cabine venue.

Lorsqu’il fallut démonter à nouveau les toilettes, après la faillite prévisible de ce restaurant transformé selon les prescriptions légales, on découvrit le squelette du maître d’ouvrage, porté disparu, dans la cabine pour les clients masculins, islamiques, handicapés et non-fumeurs. Il n’était certes ni musulman, ni handicapé, ni fumeur, mais par désespoir devant le chiffre d’affaires non réalisé, il avait opté pour la mort atroce par égarement dans le labyrinthe inextricable des toilettes euro-compatibles.

On renonça à se débarrasser de sa dépouille en tirant la chasse d’eau et l’enterra dignement dans un cimetière, conformément aux coutumes. L’inhumation eut lieu dans le secteur réservé aux chrétiens, catholiques, masculins, non fumeurs, non handicapés et possédant un visa Schengen. Mais cette histoire, nous la connaissons déjà.

Dernière précision: L’une des cabines fut placée sur sa tombe en guise de symbole et d’avertissement.

Oskar Freysinger, Conseiller national, professeur de gymnase, auteur, Saint-Germain VS

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