Béjart à Bâle: Le ballet infernal

Un baffeur a assisté au dernier spectacle de Maurice Béjart:

A force d’entendre tour à tour de ses ballets qu’ils sont « fantastiques », « très modernes », « trop classiques », « dangereux« , on finit par vouloir se faire soi-même une idée et accepter l’invitation qu’on nous propose.

Tout commence dans la fraîcheur et la bonne humeur: les danseurs montrent alternativement leur art sur des airs de musique classique et de célèbres mélodies plus modernes. Les changements sont brutaux et l’ensemble sans grande cohérence, mais la virtuosité des artistes est enchanteresse.

Malheureusement, plus le temps passe, plus les allusions deviennent douteuses; on se met à penser que l’on a préféré la première partie: des hommes dansent entre eux, les costumes et les chorégraphie tendent à effacer la différence entre les sexes, jetant l’incertitude et le trouble, certains mouvements se veulent équivoques, l’une des femmes apparaît seins nus et mime avec son partenaire une danse nuptiale presque animale…

Quand, tout à coup, sans que rien ne le laisse soupçonner, les quelques dizaines d’acteurs se rangent sur les côtés et apparaît un écran géant sur lequel on voit un clown… crucifié… s’esclaffant de rire tandis qu’on lui enfonce les clous… et un visage qui l’observe en ricanant, découvrant des dents démesurément longues.

La suite, je ne peux vous en dire que ce qu’on m’en a raconté puisque mon corps n’a fait qu’un bon et déjà j’étais dehors: la caméra s’éloigne du visage et découvre un corps habillé comme les danseurs présents sur scènes, et ce corps se met à danser à son tour, révélant d’un coup toute l’orientation macabre et blasphématoire du spectacle, intitulé « Best of« .
JB