Syrie: « les rebelles ne sont pas de gentils démocrates »

Dixit Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO) à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon sur les ondes de la RTS.

Derrière la polémique conséquente aux déclarations de Carla del Ponte, se cache le malaise de la communauté internationale, qui a très certainement manqué le remplacement d’Assad et se trouve presque comme contrainte de soutenir, ne serait-ce que moralement, la lie des effectifs qu’elle a combattue jadis en Afghanistan, en Lybie et, il y a peu encore, au Mali.

La discussion n’en est pas une, la présomption d’utilisation de gaz de combat est en fait une certitude. Reste que si un degré de certitude moitié moindre se retrouvait quant à la culpabilité du régime syrien, les rangers des GIs battraient déjà les plages de Tortose à la lueur criarde des projecteurs de CNN. Or Assad n’est pas coupable, du moins pas de cela et le secret de sa longévité réside, ô stupeur, dans le soutien de sa population; voilà tout le problème de la démiurgie atlantiste.

L’allié saoudien, qatari, n’a plus à cacher le fondement de sa nature djihadiste, laquelle n’incommode d’ailleurs nullement l’ouest, mais c’est Israël qui, dans un réflexe, trahit le sentiment commun: foin de justification, Assad doit partir, coûte que coûte. Qu’importe l’incapacité morale et démocrate des brigadistes de Tripoli et autres islamistes de fortune, que la poésie médiatique a qualifié, non sans romantisme printanier, de « rebelles » et d’ « opposition« , la république arabe de Syrie doit disparaître.

Un beau pays

Et c’est oublier ce que Fabrice Balanche a le don de nous rappeler (dès 15:05). La Syrie a été un pays, un pays au régime strict, sévère même pour ceux qui avaient le malheur de s’aventurer en politique sans les préalables nécessaires, mais toujours moins que ce que sont devenus l’Irak, l’Egypte, la Tunisie, la Lybie, le Maroc, la Somalie, le Soudan, le Tchad, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, que s’apprête à devenir l’Algérie et redevenir l’Afghanistan et qu’ont toujours été ces intolérables dictatures de la péninsule arabique.

Israël a au moins le bénéfice de l’honnêteté, que l’on cesse de rechercher une moralité à la cause et que l’on vitrifie cette verrue non alignée de la carte une bonne fois pour toute, comme l’on fera de tous ceux qui ne seront pas, un jour, toujours, pleinement soumis.

Un détail, dans le traitement de l’information par la RTS, il n’eût pas été inutile de qualifier les racines très probablement sunnites de Mme Wajd Zimmerman-Sibaï, qui seules permettent de comprendre tout à la fois son anti-assidisme et son anti-israélisme primaire. Mais le fait est déjà établi que la RTS a pris parti depuis longtemps.