Presse : la « chasse au mec de droite », mode d’emploi

cibleL’affaire « San Giorgio » m’inspire une brève réflexion. Suite à ma conférence de presse avec le comité UE-NON le 5 août dernier, j’ai failli vivre une affaire semblable, à ma modeste mesure, bien évidemment.

Il faut savoir que, pour cette presse qui n’a pour objectif que de bouffer du dissident, ce que vous dites ne devient utile que pour vous situer sur l’échelle de la bien-pensance selon des critères strictement unilatéraux.

Exemple pratique, quand Piero Falotti – le vrai nom de San Giorgio – expose une vision pour le moins cynique de son darwinisme social, il est tiré à vue ; à tort ou à raison d’ailleurs. Mais quand la gauche et les partis du centre défendent le screening des handicapés par le diagnostic préimplantatoire ou encore le « droit » pour un pédophile condamné de pouvoir retravailler avec des enfants, ils s’en tirent sans le moindre dommage.
Oskar Freysinger, encore lui, tient un drapeau de la Kriegsmarine de Guillaume II dans son carnotzet, la RTS nous trouve un expert pour affirmer, à heure de grande écoute, que « si un extrémiste de droite entre dans la pièce et qu’il voit ce drapeau, il va se sentir bien, son cœur va vibrer », pas moins. Mais, en 2005, quand Mathias Reynard reproche à l’Occident de soutenir « systématiquement le peuple juif, amené au rang de martyr après le génocide commis par l’Allemagne nazie », quand Carlo Sommaruga exige, en commission, que l’on fasse la distinction, dans la loi, entre « pédophilie et pédocriminalité », ou lorsque, en 2006,  le GSsA et les Verts se baladent dans les rues de Genève avec des drapeaux de l’état d’Israël maculés de croix gammées, il ne se passe… rien. A droite, l’exigence de démission eût été immédiate. A gauche, au centre,  que nenni, la presse ne bronche pas, ils sont couverts.

Autre exemple, toujours dans l’affaire Falotti, le 2 décembre, la RTS interroge deux PLR : Stéphane Ganzer, député, parle de « néo-fasciste », René Constantin, président du parti, suggère, à mots couverts, la démission du Conseiller d’Etat. Tenez-vous bien, le même jour… oui, le même jour, ledit PLR publiait dans le Confédéré, l’éloge sans limite de Fidel Castro, « libérateur » au « charisme étonnant », ajouté de somptueux morceaux de bravoure tels que : « En 2016 plus personne n’a faim à Cuba… Le régime castriste, s’il a su extirper le peuple de l’exploitation, n’a pas su le sortir totalement du communisme, en tout cas sur le plan économique… Fidel Castro et Che Guevara ont eu le mérite d’exporter cette idée de liberté en Afrique notamment. » Et ça passe sans problème, et ça passera tant que nous accepterons cette tutelle des médias et ne nous résoudrons pas à leur opposer des homologues libres, pour ne pas dire libérés.

Soutien logistique pour réduire la droite au silence

Le but de la manœuvre est évident, étouffer les voix contraires, terroriser la dissidence. Dans le cas San Giorgio, il fallait éviter de dire que l’Etat du Valais, sur les indications de la Confédération, plaçait le risque migratoire au plus haut taux d’occurrence, à la lisière des risques extrêmes ; c’est ce message-là qu’il fallait tuer.

corporateDans mon cas, le comité UE-NON levait enfin le voile sur les obscures tractations du DFAE pour contraindre la Suisse à avaler le droit européen au détriment de sa propre démocratie. La presse fit passer Blocher pour un vieux radoteur un peu parano, prit le temps de s’offusquer que l’on ne fasse pas systématiquement « confiance » au sublissime Didier Burkhalter, puis, comme j’étais le nouveau de la bande, me dépêcha l’un de ses limiers. Une demi-heure après la conférence, en plein repas, le Blick appelait.

Un certain Christoph Lenz s’employa pendant de longues minutes à me faire parler de ma famille, de mes origines, de mon cursus et à me faire porter les propos d’un certain George Spöttle, conseiller du gouvernement hongrois, repris en tweet, en 2016, sur ce présent site, pour lequel je n’avais plus écrit depuis… 2008 (je remercie d’ailleurs au passage mon successeur de m’accueillir à nouveau dans ses colonnes). Qu’importe, j’étais responsable, coupable, si ce n’est toi c’est donc ton frère. Le pauvre bataillait ferme pour trouver quelque chose. Ne voyant pas trop de quoi il parlait, je lui demandai s’il était bien sûr que j’en étais l’auteur, lui proposai de parler plutôt de la conférence de presse, c’est alors qu’il prit congé, un peu ennuyé il faut le dire, et raccrocha. Le lendemain, je n’étais pas cloué au pilori entre les appâts de la fille en troisième page et les frasques d’une starlette de la pop alémanique inconnue sous nos bienheureuses latitudes. Mon casier était trop léger, pour cette fois, je l’avais échappé belle.

Vieux réflexes

Cette histoire n’est pas sans me rappeler ma première candidature politique, dans les jeunesses UDC, en 2003, laquelle avait provoqué une avalanche de coups de fil de journalistes auprès des proches des candidats, avec une insistance particulière sur les grands-mères, et des questions parfois très intimes. Un stagiaire du Matin m’a même très sérieusement demandé pourquoi j’avais fui mon couvent (authentique… J’avais travaillé en effet un été à la restauration de la voûte de l’église d’une abbaye médiévale en Bourgogne, d’où mon goût des vieilles pierres, il avait déduit le reste. Ceci étant, à sa défense, ma vocation pour les bières trappistes ne s’est jamais démentie).
Ils sont par moment tellement déroutants, presque touchants, ces petits soldats de la pensée unique dans leur bonne volonté à vouloir à tout prix décalcomanier le diable sur votre pauvre tête ; tout ça parce que vous avez eu l’audace insupportable d’oser vous affranchir de leur petit ordre établi. Candidature et battage, en fin de compte, qui me valurent, à terme, mon poste d’assistant à l’université – eh oui, ça se passe comme ça en Suisse, au XXIe siècle –  ce qui était sans doute le but visé. Quand on aura viré tous les mecs de droite des universités, on pourra enfin les traiter librement de crétins ; logique imparable.

La vraie, la bonne, la juste information ne sera jamais gratuite, il faudra toujours se battre. Le savoir est la seule vraie saveur de l’existence. Vous voulez savoir ? Coupez la télé et sortez voir !

Adrien de Riedmatten

 

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