Tamedia: 25 mois et 10’000 francs pour un droit de réponse

L’émission Forum de la RTS tend un micro compatissant au président de Tamedia, Pietro Supino, lequel écrase une larme victimaire face à la défense qui s’organise contre l’influence de son entreprise.

L’heure est grave. Pour la RTS, défendre la vérité, faits contre faits, c’est mettre la démocratie en danger; puisque la seule démocratie autorisée, bien sûr, c’est la sienne, la voix des grands groupes de médias certifiés.

Comble de mauvaise foi crasse, la grande rescapée de No-Billag ose encore présenter le plus grand groupe de presse privé du pays comme un parangon de liberté d’expression visé par un quarteron de puissants, Maudet, Broulis, Paulsen, forcément ennemis des sacro-saintes valeurs de la République. Du détail – du vrai détail – des affaires, bien sûr, pas un mot.

Militantisme gauchiste

Pas un mot, non plus, du calvaire des petits, de « ceux qui ne sont rien » et dont ce même groupe joue des noms et des réputations sans la moindre vergogne pour dérouler son agenda politique, car Tamedia a un agenda politique et c’est peu dire qu’il n’est pas de droite. Il faut lire la dernière chronique de Romaine Jean dans Bilan pour s’en convaincre, l’entendre chanter les vertus démocratogènes du pieux silence qui étouffe l’affaire Darbellay; que ceux qui n’ont jamais péché lui jettent un Yannick Buttet ou un San Giorgio…

Nous avons parlé ici du cas de ce père de famille de quatre enfants, qui a perdu son emploi suite à un article du Matin Dimanche le faisant passer pour un assassin en puissance. Ce que la RTS oublie avantageusement de rappeler, c’est que – le titre ayant balayé avec dédain l’idée d’un courrier des lecteurs -, pour une simple rectification de quelques lignes, il ne faudra pas moins de 25 mois, 2 instances, plusieurs centaines de pages et plus de 10’000 francs. A charge du vainqueur, bien entendu, car si la justice vaudoise n’a parfois pas d’autre choix que de se rendre à l’évidence, elle n’en oublie pas pour autant à qui va sa soumission.

Les gens doivent comprendre que, derrière chaque droit de réponse publié, il y a toujours une défaite, après une bataille acharnée, de Tamedia.

D’aucuns se plaisent à dire qu’un journaliste est soit une p*te soit un chômeur. L’on oublie de rappeler que, chez Tamedia, c’est toujours un flic. Et si la plume est plus forte que l’épée, en Suisse romande, de nos jours, dans les milieux autorisés, elle s’apparente le plus souvent à une matraque.

Noël Macé