Label Valais : l’ombre de Christophe Darbellay inquiète les acteurs de la vigne

 

Campagne électorale oblige, Le Nouvelliste surjoue l’enthousiasme à l’annonce du nouvel emplâtre prévu sur la jambe de bois de la viticulture valaisanne.

Les sourires sont crispés, les poses figées, les verres impeccables, on n’y a, de toute évidence, pas touché. On n’a pas hésité non plus à ressortir la grande pythie du pinard valaisan de sa naphtaline. Attention, opération communication.

Yvan Aymon, Christophe Darbellay, Raphaël Favre et Marie-Thérèse Chappaz
© Sabine Papilloud

Heure grave, instant solennel, vous assistez à l’enterrement en grandes pompes de l’AOC Valais, à la traîne depuis les années 1990 et qui n’a, semble-t-il, tenu aucune des promesses à hauteur de ses exigences. Qu’à cela ne tienne, on prend les mêmes et on recommence, un coup au packaging, on siffle la permanence du Nouvelliste ; clic, clac, merci Kodak.

Le reste est un tissu d’éléments de langage – « valeur ajoutée », « motivation », « cahier des charges », « longue haleine » – qui n’ont que la courte mémoire du citoyen pour avantage. Une nouvelle usine à gaz fleurant bon la tracasserie fonctionnariste ; un fromage de plus, encore un, pour les maniaques de l’administratif. Bien sûr, il fait beau, on rase gratis, bio, rémunération équitable du vigneron, valorisation des sols, capital plants, murs en pierre sèche, j’en passe et des meilleurs.

Christophe Darbellay, en pair de la patrie, forcément, tire la couverture à lui. Il y a des soifs de reconnaissance qui ne s’étanchent jamais. Mais un autre nom fait bondir certains petits propriétaires : Chloé Fontannaz, qui fait état ici de la très haute tenue de ses « convictions ». Ces deux-là ont sévi, au sein de la Maison Gilliard, respectivement comme administrateur et « cheffe » de culture.

« Ce sont des Ostrogoths, ils m’ont massacré mes vignes », s’époumone Charles X*, qui, par la force des choses, tient à garder l’anonymat et à qui la rédaction laisse volontiers la liberté de son propos.

Ils avaient un contrat qui leur demandait au moins de remplacer les pieds et maintenir les murs, de traiter ces vignes comme si c’était les leurs. Les murs sont effondrés, des ceps sont tombés dans le fossé, il manque, en moyenne, un pied sur cinq. La vigne d’à côté, la leur, est impec, la mienne est en ruine. Cela démontre un tel mépris de la terre et de gens.

Après notre premier article sur l’épandage des déchets, les témoignages concordants n’ont pas tardé.

Ils ont mis 11 mois pour signaler les dégât dus aux intempéries, ce qui m’a fait perdre toute chance de recevoir la moindre subvention, ni la commune ni le canton n’ont accepté d’entrer en matière, trop tard. Dans les faits, je n’ai été prévenu que lorsque Chloé Fontannaz a exigé 50’000 francs, immédiatement, pour la réfection, sous peine de résiliation.

Et c’est encore elle qui a eu le toupet de se plaindre de l’état des vignes. Je pense bien qu’elles étaient en mauvais état, mes vignes, c’était à eux d’en prendre soin. Quand on voit le souci que Christophe Darbellay voue à ses propres affaires, on n’est guère étonné du résultat. Le dialogue a été impossible, ils tiennent le couteau par le manche et ne doutent pas un seul instant de la protection dont ils font l’objet.
Et c’est avec ces gens-là qu’il faudrait faire affaire, dont il faudrait goûter les enthousiasmes de façade à petites gorgées ? Sans moi ! On juge l’arbre aux fruits qu’il porte, et tant l’arbre que le fruit sont crevés par leur faute.
Entendre Mme Fontannaz parler de conviction et du respect qu’elle a pour la nature me donne des hauts-le-cœur, on devrait décréter un périmètre de sécurité entre certaines personnes et la vigne valaisanne.

Il ne faut pas s’y tromper, il n’y a aucune raison que ces gens-là traitent différemment les vignerons que les petits propriétaires. C’est une nuée de sauterelles, ils ne sont là que pour l’argent.

L’on ne peut, hélas, que comprendre la profonde amertume de ceux qui se battent encore pour leur terre. L’on comprend surtout que, si la clique de l’IVV a perdu le chemin du succès, c’est d’abord parce sa prétendue logique de rentabilité a totalement évacué cet élément essentiel, angulaire, de notre tradition viticole millénaire, l’amour de la terre, de notre terre, de notre beau pays du Valais.

NM

Voir aussi :

Pollution : Ces caves qui épandent leurs déchets industriels

 

Vendanges amères : Quand l’Etat ne veut pas lâcher la grappe

 

*Nom connu de la rédaction