Pérolles II: « Dieu vous est proche » | Bureau audiovisuel francophone

On attendait 50 personnes, il en est venu… près de 300 ! Une moyenne d’âge ne dépassant pas la trentaine, pas moins de sept sociétés d’étudiants, contre une seule lors de l’inauguration du désormais célèbre "lieu de recueillement", deux chorales, le clergé régulier et séculier en grand uniforme et l’évêque du lieu tout de soutane et de violet vêtu, une longue étole de laine aux couleurs mariales sur ses épaules; dans le fond, une croix, la seule, la première, plantée dans le laïcisme betonné d’une université jusqu’alors épargnée par la grâce.

Salle comble et décorum liturgique, à mille lieues des petits fours et de la parodie théiste du 6 janvier dernier, laquelle, d’ailleurs, tenait plus de la sortie annuelle de la section locale de pro-senectute que de cette vague, aujourd’hui invincible, de toute une génération nouvelle, avide, insatiable et curieuse de renouer avec ce Dieu qu’on lui a trop longtemps caché.

"Ce sont bien ces deux aspects de son mystère qui me fascinent : force et tendresse de Dieu dans la Toute-Puissance de sa Sagesse", devant un parterre d’officiel, Mgr Bernard Genoud a chanté d’une voie calme les mérites de ce Dieu qui a cessé d’être mort. Au premier rang, juste au milieu, aussi bien placé que Judas à la Cène, les faces de carême du futur ex-recteur et de son éminence, grise sans être joyeuse, la directrice de l’Instruction Publique, penauds comme des bourgeois de Calais, les traits tirés par la fatigue de ce long pélerinage à Canossa.

"La sagesse humaine s’évanouit, c’est-à-dire devient vaine et futile si elle prétend se couper de sa source ou s’opposer à celle de Dieu".
"Parce que de fait, il y a deux sortes de vertiges : celui qui fascine et attire vers le haut, et celui de l’œil noir du néant qui hypnotise vers le bas ! Et ce sont alors d’autre penseurs qui emploient leur savoir à cracher jalousement comme des crapauds contre un ciel qu’ils n’ont pas fait, et qui ragent de ne pouvoir placer sur orbite leur bave qui leur retombe sur le crâne".

Mgr Genoud a ensuite rendu grâce pour les nouveaux bâtiments et béni "toutes les personnes qui viendront ici", en présence du pasteur Roche et d’un pope trouvé là par hasard, lequel a voulu psalmodier à la grecque quelques stances en… suisse-allemand… on n’a jamais touché l’infini de son propre néant d’aussi près; puis l’eau bénite a coulé du ciel sur les crânes du premier rang, avant que ne retentisse un Motet de Victoria, "Sancta Maria succure miseris", interprété par une chorale d’étudiants.

"Droits de l’homme ou droit de Dieu ? Que nous l’acceptions ou pas, Il est notre Créateur et notre Rédempteur", Romain Bless, jeune, beau, brillant, chrétien, vibrant, à mille lieues lui aussi de la vieille garde, revancharde et renfrognée, qui se croyait le droit de nier les devoirs dûs au Créateur. "Nous lui devons honneurs et hommages. Que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. C’est tout simplement la prière que le Christ nous a commandé d’adresser à son Père. S’Il est Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ règne de droit dans nos cœurs et nos âmes mais également sur nos cités, nos oeuvres et nos intelligences. A travers l’histoire et jusqu’à la fin des temps, retentit le dialogue fondateur : « Es-tu Roi ? Tu l’as dit, je suis Roi… Je suis venu pour rendre témoignage à la Vérité ». Il est la Voie, la Vérité et la Vie".

"Par notre baptême et la Foi reçue de l’Eglise, nous possédons un trésor que nous nous devons de partager. Si nous comprenons sa valeur, alors nous pourrons être de vrais apôtres. Nous vivons du secret de la seule vraie liberté qui soit : celle d’être enfant de Dieu. Alors pourquoi ne pas le partager ? Pourquoi ne pas faire de notre vie à l’Université une vie pour le Christ, Lui qui n’a pas hésité à être humilié, bafoué pour finalement mourir en croix pour nous ? Cette Croix qui s’élève au bord de nos routes, sur les places de nos villes et sur les murs de nos salles de cours".

Nous ne finirons pas sans évoquer la petite pique délicieuse où le président du comité prendra la peine de remercier le recteur "d’avoir permis l’organisation de la cérémonie", un recteur qui, à l’appel de son nom, serra les fesses aussi généreusement qu’il serrait les dents depuis le début de la cérémonie. Si Romain Bless a le bon goût de pardonner, nous aurons, quant à nous, celui de ne pas oublier les vilenies dont le comité étudiant fut l’objet à maintes reprises. A sa défense, le recteur Altermatt aura au moins eu la décence de débarrasser le strapontin sans demander son reste, avec le défaut toutefois de nous laisser devant un buffet qui n’avait rien de semblable avec la galette du 6 janvier… A mille lieues cependant de la conseillère Chassot, qu’on a vu faire des ronds de jambe au commissaire de la presse genevoise, lui assurant d’un air réjoui voir dans tout cela "un signe d’unité" et être, évidemment, professionnelle incontestée du rebond consensuel, en faveur de cette même "unité"; quel courage et quelle vigueur dans l’opinion… On lui rappellera, puisque apparemment il faut le lui rappeler, qu’elle est à l’origine de tout ce que cette affaire a pu connaître de troubles, c’est elle qui a tenté de fourvoyer presse, étudiants et enseignants avec cette escroquerie de la "bénédiction du lieu de recueillement", c’est elle encore qui a donné la dictée au recteur et lui a soufflé son plus mauvais rôle et ses tirades les moins convaincantes. N’étaient les positions courageuses de Mme Thérèse Meyer et de M. Bourgknecht, le PDC n’aurait rien à voir dans cette affaire, bien au contraire !

Bref, l’évêque fut grand, les étudiants nombreux, la prière ardente, la fête magnifique, le béton lourd et le vin léger, le tout sublimé dans la douceur de la grâce retrouvée. Un monde passe, un autre naît, et, sous ces pierres nouvelles, c’est le même cri d’amour qui résonnait dans les cathédrales et dans nos coeurs pour toujours.

Discours de Mgr Bernard Genoud, évêque de Genève, Lausanne, Fribourg
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