Suisse: Le Sida avance, Roger Staub regarde

Dans la veine de la motion Bortoluzzi, les plus grands spécialistes des communautés scientifiques britannique et américaine viennent de lancer un appel pour une augmentation radicale des contrôles de dépistage du virus du Sida.

Dans le Tages Anzeiger du 26.10 (en all.), on peut lire qu’en Angleterre, 17% des patients diagnostiqués positifs entre janvier et mars 2003 étaient traités pour des maladies conséquentes à l’immuno-déficience, soit beaucoup trop tard*. 30% des infectés britanniques ignorent leur état et constituent de ce fait un risque supérieur de propagation. Aux USA, ce ne sont pas moins de 250.000 séropositifs qui se baladent avec la mort aux trousses et ne s’en doutent même pas. Autant de patients qui ne pourront être soignés à temps, ne pourront prendre les mesures de précaution qu’impose leur état, et mourront, vite fait bien fait, sans avoir compris ni comment ni pourquoi.

Pragmatiques de nature, les chercheurs anglo-saxons demandent une réaction rapide devant l’urgence de la situation et un développement exponentiel des contrôles de routine, désignant, sans complexe aucun, les principales "populations à risque", puisqu’il s’agit, somme toute, de les protéger plutôt que de les dénoncer.

Et en Suisse? s’interroge l’auteur de l’article. Et bien, en Suisse,  tout va très bien Madame la marquise, lui répond le responsable de la section sida de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), Roger Staub, encore lui, qui ressert à la louche la vieille soupe de son travail de diplôme: Les contrôles ne servent à rien et, en plus, coûteraient trop cher. Voilà qui n’est pas donner cher de la peau des membres des populations dites "à risque", prostituées, homosexuels etc.; la vie d’un sidéen apparaît quantité négligeable aux yeux de l’office fédéral. En Suisse, 300’000 tests annuels sont effectués; sur une population de plus de 7 millions d’habitants, soit seulement 4,2%, ce qui est loin d’être suffisant. Roger Staub s’en satisfait pourtant et propose même de remplacer le développement des tests par un meilleur conseil chez le médecin…

On a l’impression que M. Staub ne veut pas de la fin du Sida en Suisse pour ne pas tuer la poule aux oeufs d’or et ne veut pas non plus d’un développement épidémique de la maladie, histoire de voir à  ne pas perdre son job. Sa politique faite de parlotte, d’appel au sexe sans protection et de distribution de capotes de seconde zone via l’Aide suisse contre le sida, association qu’il a fondée et subventionne au 2/3 du budget, a placé la Suisse tout en queue du peloton européen.

Dans une  récente étude** (en all), l’épidémiologiste suédois M. G. Koch signale pour la Suisse, en 2002, une proportion de 987 cas de Sida par million d’habitants, contre 64 pour la Finlande, soit une augmentation de 25% des nouveaux infectés par rapport à 2001. Depuis 1986, la Suisse est toujours restée en fond de classement, la Finlande toujours en tête.

C’est sans doute cela que le Musée suisse de Zürich nous propose de célébrer à l’occasion des 20 ans de l’ASS. 20 ans d’incurie subventionnée, 8124 cas déclarés, 28.253 séropositifs dépistés, et des millions de francs à perte, plus qu’il n’en a jamais été investi pour la lutte contre aucune maladie.
La pilule est d’autant plus amère qu’en 1987, le 9 avril précisément, dans le même Tages Anzeiger (en all.), le Conseil fédéral justifiait les budgets pharaoniques par une promesse de proportion de nouveaux infectés ramenée à 0; on est loin du compte! S’il s’était agi d’économie, les responsables auraient été démissionnés sur l’heure, or il ne s’agit que de vies humaines.

Merci à GM, GF

*En 2003, plus de 46% des cas de sida en Suisse ont été déclarés avec un an de retard, en 2004, plus de 39%, tout cela faute de tests réguliers et de suivi auprès des séropositifs.

**KOCH, M. G., Dr med., HIV-Prävention in der Schweiz – aus des Sicht vergleichender Epidemiologie, Aids-Aufklärung Schweiz, Jahresbericht 2004.

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