Google ne censure pas qu’en Chine


Petite mésaventure arrivée à un collègue blogueur. Ledit frère en bloguitude menait tranquillement sa barque depuis plusieurs mois et affichait des Google Ads, le système de rémunération publicitaire du géant Google, histoire de mettre un peu de jaune dans son eau de source.

Le système est simple, vous remplissez un contrat, vous affichez les pubs et Google vous paie environ 0,01 euro le clic par paquet de 100$.

Le 16 août dernier, notre ami reçoit un mail lui annonçant que Google aurait détecté des « clics incorrects » et, par conséquent, lui supprime son compte, la veille même du jour où il allait atteindre le seuil tant attendu des 100$; c’est clair, ça refroidit.

Le blogueur, qui sait en son for intérieur ne pas être à l’origine de ces « clics incorrects » (robots, surcliquage, détournements) demande quand même à en savoir un peu plus long. La réponse de Google est on ne peut plus sybilline: « En optant pour la désactivation de votre compte, nous pensons avoir pris la bonne décision« . Mais encore, s’obstine le contractant qui veut une preuve de ce qu’on lui avance, vu que son cyber taulier lui a assuré, et démontré, ne pas avoir observé d’activité inhabituelle sur le site en question.

En guise de preuve Google se fend d’un acte de foi en sa propre technologie: « Nous vous confirmons que nous avons toute confiance dans notre technologie » et de scepticisme crasse envers celle d’autrui: « Notez par ailleurs que votre hébergeur ne détient pas suffisamment d’informations quant à la nature des clics effectués« , n’empêche que l’un fournit des preuves détaillées et que l’autre s’y refuse obstinément. Du côté des occultistes du net, on n’aime pas trop les mécréants qui s’en prennent à la déesse techno. Bref, fin de non-recevoir et proposition d’un recours auprès du service juridique de Google, recours toujours pendant depuis maintenant plus de… 7 mois. En d’autre termes, tu peux aller te cyber-gratter mon coco; de toute évidence, Google compte essentiellement sur le fait que personne n’ira se casser les pieds à trouver un avocat en Pennsylvanie pour réclamer son droit; la boucle est bouclée, circulez il n’y a rien à voir.

Le Baf aime bien fouiller ce genre d’affaire: Or il y a, perdue dans la forêt des exigences contractuellese de Google Adsense, art. 5, verset viii, une de ces petites phrase riches en sens et pleine de goût: « Vous ne devez pas et ne devez en aucun cas autoriser ni inciter un tiers à… (viii)… ni entreprendre une action ou une pratique qui présente une mauvaise image de Google ou qui, de quelque autre manière, dénigre ou dévalorise la réputation ou la renommée de Google« .

Ô surprise et étonnement, le camarade blogueur avait publié, quelques jours avant la fermeture de son compte, un post sur les défauts de l’interface Google images, permettant de contourner aisément les dispositions des programmes de protection de la jeunesse censés garantir nos chères têtes blondes de tout  accès à du matériel pornographique. D’autres moteurs, comme Altavista, ont su ranger le matériel pour adultes à part, Google n’a pas voulu; c’est clair, c’est plutôt mauvais pour l’image.

Interrogé par bibi, le service de presse de Google France a déclaré être très étonné, ne pas savoir, ne jamais avoir entendu parler du cas en question, et a promis de nous rappeler pour nous expliquer pacifiquement comment Google entendait appliquer les sourates contractuelles de son code des conditions générales… autant vous dire qu’on attend toujours.

Bref, Google cherche à payer le silence des blogueurs à coups de billets de 100. Le méfait de la publicité en terre de presse retrouve alors ici tout son sens, et, face au monopole gigantesque de Google, les éditeurs de l’internet entier fermeront bien sagement leur cyber clapet pour ne pas froisser la nouvelle émanation XXIe du Big Brother technologique.

La mise en garde est on ne peut plus claire, en Occident Google ferme les comptes des blogueurs, en Chine, Google le leur règle. Bienvenue dans un monde où l’icône d’un univers de liberté s’est changée en succursale globale de la police d’Etat.

Oxado, un concurrent de Google Ads

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