Béatification Pie XII: l’ambassadeur d’Israël souhaite que l’Eglise attende

L’ambassadeur d’Israël auprès du Saint-Siège a souhaité mercredi à Rome que l’Eglise catholique attende l’ouverture aux historiens des archives de Pie XII avant de se prononcer sur la béatification du pape qui régna pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’ambassadeur Oded Ben Hur, qui assistait à la présentation d’un livre sur « le Saint-Siège et la question juive de 1933 à 1945 » de l’historien italien Alessandro Duce, a précisé qu’il faisait cette demande « à titre personnel« , et pas au nom de son gouvernement.

Il a souligné que les historiens n’avaient pas encore accès aux archives du pape Pie XII pour la période de la guerre et a demandé « d’attendre encore un peu » avant de décider une éventuelle béatification. « Ce n’est pas pressé« , a-t-il plaidé.

Oded Ben Hur a également demandé à l’Eglise catholique « d’écouter les survivants » de la Shoah, dont certains se disent « offensés ou blessés » par la perspective d’une béatification de Pie XII.

QUEL TOUPET ! De quoi je me mêle d’abord. Il serait bon de rappeler à son Excellence Ben Hur (arrête ton char !), que le culte du ‘vénérable’ (titre accordé à quelqu’un dont la cause en béatification est pendante) Pie XII, a été initié précisément par Israël:

N’est-ce pas Golda Meïr, ministre israélien des affaires étrangères, qui, à la mort de Pie XII en 1958, s’est exprimée en ces termes à l’O.N.U. : « Nous partageons la douleur de l’humanité pour la mort de Sa Sainteté Pie XII… Nous pleurons un grand serviteur de la paix et de la charité. Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyr effroyable, le voix du pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes. » ?

Ne sont-ce pas le grand rabbin Herzog et le Dr Elio Toaf, grand rabbin d’Italie, qui ont salué sa mémoire comme celle d’un juste ?

N’est-ce pas Albert Einstein qui est allé jusqu’à déclarer: « L’Église catholique a été la seule à protester contre les assauts hitlériens portés à la liberté. Jusqu’alors, je n’avais pris aucun intérêt pour elle, mais aujourd’hui j’éprouve une grande admiration pour l’Eglise, qui seule a eu le courage de se battre pour la vérité spirituelle et la liberté morale. » ?

Si M. Oded Ben Hur a raison, que sont venus faire tous ces notables juifs au Vatican qui remercièrent le pape de son intervention ? Dès le 29 novembre 1944, 70 d’entre eux, rescapés quoique marqués par la souffrance, franchissent les portes du Vatican pour venir remercier leur bienfaiteur. Le 9 février 1948, une quarantaine de délégués de « l’United Jewish Appeal » sont à leur tour reçus par le Saint-Père qu’ils viennent remercier. Le 26 mai 1955, 94 musiciens juifs, originaires de 14 pays viennent jouer devant Pie XII la neuvième symphonie de Beethoven « en reconnaissance de l’œuvre hu­manitaire grandiose accomplie par Sa Sainteté pour sauver un grand nombre de Juifs pendant de la seconde guerre mondiale ». Tous sont unanimes. Le Dr Saffran, l’Agence juive, organe du sionisme international, Pinhas Lapide, consul d’Israël à Milan pendant le pontificat de Pie XII, lequel a même déclaré :

« Je peux affirmer que le Pape personnellement, le Saint-Siège, les nonces et toute l’Église catholique ont sauvé de 150 000 à 400 000 Juifs d’une mort certaine (…) Je comprends très mal d’ailleurs que l’on s’en prenne main­tenant à Pie XII, alors que pendant de nombreuses années on s’est plu ici à lui rendre hommage ».

Auteur de Rome et les Juifs (Seuil, 1967), Pinhas Lapid, après des enquêtes approfondies menées dans toute l’Europe et dans les archives de Jérusalem, qui ne sont pas moins « secrète » que celle du Vatican, ainsi qu’auprès des survivants aboutit finalement au chiffre de 800 000 Juifs sauvés grâce à Pie XII:

« Étant Juif, croyant et Israélien, j’ose es­pérer que ma documentation aura un certain poids, peut-être assez pour essuyer un peu de la haine, la diffamation et les mensonges de ces dernières années ».

Le pauvre, s’il savait qu’on accorde plus de crédit à la pièce de théâtre d’un protestant allemand (Le Vicaire de Hochhut, de 1963, qui a lancé le mythe d’un Pie XII antisémite, et sans doute le seul bouquin jamais lu par Costa Gavras. Je suis dur, l’auteur du film christophobe Amen, avait reconnu avoir lu… 12 livres pour faire son film; culture de gauche…) qu’aux conclusions de l’histoire.

Mais le plus beau témoignage, la plus belle reconnaissance, est sans conteste celui du grand rabbin de Rome de l’époque, Israël Zolli (photo). Il fut tellement touché par le dévouement sans limite de Pie XII qu’il se convertit à la religion catholique :

« La rayonnante charité du pape, penchée sur toutes les misères engen­drées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique. »

Pour rendre hommage au pape Eugène Pacelli, il prit Eugène comme nom de baptême, tandis que sa femme prenait celui d’Eugénie !

S’il faut d’autres exemples, ce n’est pas cela qui manque, il y en a des centaines et le dépouillement des archives vaticanes va très probablement aller pléthoriquement dans ce sens, même si l’on peut gager que la grande presse se jettera comme une meute de hyènes sur la moindre phrase mal comprise du moindre historien de passage.

Que l’on cesse alors de répandre ce vieux refrain anticléricaliste, cette légende ignoble d’un pape catholique cynique et bouffeur de Juifs, légende qui a autant de sens que celle d’un peuple juif tout entier déicide… à chacun son tour !

Source des citations, article du Baf à ce propos

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