Torture : Hôpital du Valais – Réclamer un avocat, de la paranoïa!

De nos jours, un citoyen qui revendique ses droits est probablement fou à lier. Soljenitsyne, Boukovsky, si vous nous entendez…

Ils sont extraordinaires. Sous la pression du préposé à la protection des données, les informations commencent doucement à sortir, au compte-gouttes, bien évidemment, on émonde, on soupèse, avec une prudence qui en dit long sur la considération que l’on a de ses propres actes.

Psychiatrisation forcée

L’on a déjà introduit les violences du 9 mai sur la personne d’un autiste, marié, intégré, père de famille, sans casier ni passé médical particulier et la simulation de psychiatrisation orchestrée par les polices du Valais. Observons aujourd’hui le pendant médical.
Dans les faits, après avoir subi des actes de torture, l’intéressé a été conduit à l’hôpital pour y être retenu de force. On lui coince poignets et chevilles entre les menottes et les montants du brancard, où on le ficelle comme un jambon, pour le faire gueuler comme un goret – ça, la police sait faire – afin qu’à son arrivée, des médecins atterrés puissent découvrir la bête hurlante.

Problème, quand on arrête de le frapper, il arrête de hurler… il n’est pas fou. Il parle même, que dit-il ? Qu’il a subi des violences policières, qu’il veut un avocat et qu’il a des droits. Hum, suspect.

Disons avant toute chose notre surprise devant la très mauvaise tenue de la très grande majorité de ces rapports produits par les services de l’Hôpital du Valais et consorts. Le niveau de français, les confusions de langage, ne parlons pas de l’orthographe, le tout atteint à peine au niveau primaire d’un centre aéré inclusif pour non francophones en état de dépression nerveuse, qui produit un rendu déplorable et cette désagréable impression que la boutique est livrée à des êtres aux capacités inquiétantes. Alors, évidemment, quand quelqu’un, qui a eu le malheur d’ouvrir un code de lois, leur adresse la parole, forcément, ça inquiète.

Fou furieux

Le rapport des Dr Bruno Schoenmakers et Karima Al Jouhari – sur l’attitude profondément cruelle de laquelle il nous faudra revenir – du 9 mai 2023, est des plus éclairants.

Le ‘patient’ est amené. Il « exprime avoir subi des violences policières » et réclame l’assistance d’un « avocat » ; ce n’est pas bien compliqué.

Dans le monde normal d’avant les ivresses jupitériennes de la toute-puissance médicale, où le bon peuple montait au balcon pour battre des mains de concert, ces simples mots eussent immédiatement engendré un réflexe naturel de protection. Je « préserverai mes patients », dit le serment médical, qui n’est plus celui d’Hippocrate.

Ici, bien que le ‘patient’ soit « calme », « collaborant », « cohérent », sa demande de l’assistance d’un avocat, sa capacité à citer des textes de loi sert d’illustration à une sorte de syndrome de persécution. Observez les deux-points, le diable est dans les détails.

Mais qu’aurait-il dû faire, à la fin, pour obtenir le respect de ses droits ?

Paranoïa

Mais il y a mieux. Lors d’une ébauche d’examen psychiatrique, toujours sur ordre de la police à laquelle l’Hôpital du Valais semble vouloir obéir avant tout, même au détriment du ‘patient’, le Dr Ana Iacob, psychiatre, appelée en renfort, conclut à l’hypothèse paranoïaque. Les raisons qu’elle juge bon d’invoquer sont pour le moins, disons, symptomatiques.

Que se passe-t-il, la doctoresse Iacob a rencontré un militant des droits des personnes en situation de handicap. Elle le comprend, son discours est « clair » et « informatif », il répond à ses questions, elle identifie même le penchant typiquement Asperger pour le détail et le travail bien fait : le « discours » est « très bien construit » et « argumenté ».

Donc, à ce stade, ce n’est pas la manière, le contenant, ni même le personnage qui posent problème. Non, c’est précisément le contenu, le discours en lui-même.
Car, même si bien construit et argumenté, le propos est de dénoncer les violences policières. Alors, dans ce cas, le couperet doit tomber : « militant ». Ce simple adjectif suffit à changer un discours charpenté en « sentiment », comprendre une impression qui ne peut forcément reposer sur rien de concret. Impression, émotion lointaine, qui ne peut encore être que de « persécution » – il faut bien justifier son diplôme –, voilà comment l’on saute du « clair » et « informatif » au « délire », voire au « subdélire ».

A aucun moment, la doctoresse Iacob n’ose supposer qu’un sujet calme, faisant état de ce qu’il vient de vivre de façon posée et raisonnable, ne puisse dire la vérité. Pire même, la forme qu’il y met devient un argument à charge, le propos « construit », la connaissance des lois, rendent la chose « très alambiquée » ; euphémisme pour abonder dans le sens cette lointaine impression de folie commandée par la maréchaussée, puisque c’est elle le vrai ‘client’ dans cette affaire. Voilà comment un quarteron de blouses blanches, luttant quotidiennement avec les difficultés de la langue française, vous feront blanc ou noir si vous avez le malheur de vous exprimer sans fautes d’accord.

Si vous vous demandiez comment l’Union soviétique psychiatrisait, en son temps, les intellectuels, vous avez peut-être un début d’interprétation.

Rédaction

 

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